samedi 14 septembre 2024

Blues post-para

Flamme olympique par temps pluvieux, 
flamme olympique quand même.

Depuis lundi, mon moral s’est effondré comme les températures, et c’est sous une pluie battante que cette semaine post-paralympiques s’ouvrait. Entre Michel Barnier l’éminence grise de droite et le sordide procès Pelicot, le réel nous a vite rattrapés. Il s’était pourtant volatilisé cet été, avec les JO puis les Paralympiques. Paris 2024 a fait des miracles, et notre hostilité envers l’événement a été anéantie en cette soirée pourtant diluvienne du 26 juillet 2024.

Bref, passons sur la ferveur nationale des JO et sa trêve politique, véritable cadeau du ciel après le calvaire des législatives anticipées. J’ai envie de parler des Paralympiques. Les records de fréquentations sur les épreuves détenus par Londres 2012 ont été pulvérisés et la France a vibré devant la lumineuse Aurélie Aubert, la militante Marie Patouillet, les frangins Alex et Kylian Portal, le très attachant Ugo Didier, ou encore le BG Charles Noakes. Et je préfère me limiter à la France ! Sinon je passerais trop de temps à tenter d’exprimer ce que je ressens en regardant Gabriel dos Santos Araújo.

Au début des Paralympiques, j’ai décidé de prendre ma place pour assister à une épreuve. En concertation avec mon copain – entre-temps passé au statut d’ex-copain, ambiance… –, c’est sur le tennis fauteuil que notre choix s’est porté. Car l’occasion d’assister à une finale à Roland-Garros pour la modique somme de 15€ ne risquait pas de se représenter de sitôt.



Et le niveau de cette finale double dames était exceptionnel. J’ai beau ne rien y connaître en sports de raquette, j’ai vibré devant des balles interminables. Les Japonaises ont battu les Néerlandaises,



mais peu importe l’issu du match ; la qualité était au rendez-vous et les réactions du public, forcément plus aguerri que moi, confirmaient mon impression.



Et puis, il y avait elle : la phryge !!!! Celle qui va le plus nous manquer. Cette mascotte « jadis » honteusement moquée par des gens aussi ignares qu’obsédés a conquis le cœur de tout le monde. Mais là encore, je n’étais pas au bout de mes surprises, puisqu’ils ont réussi à nous pondre une mascotte encore plus attachante pour les paralympiques.



Avant d’assister à cette belle finale en plein après-midi, une petite matinée au Louvre s’imposait. Enfin non : la pluie l’a imposée. Je souhaitais me rendre au musée d’Orsay, mais depuis la gare de Lyon,

 

Renvoi à l’article consacré
à ces deux sites bourguignons


les transports ne me permettaient pas d’arriver sur le site sans marcher 10 minutes sous une pluie diluvienne. Pour le Louvre, pas besoin de mettre le nez dehors. Une visite « imposée » donc, mais nullement regrettée.

 

A peine entrée dans l’aile Richelieu
– choisie plus ou moins au hasard –,
je sais que je vais en prendre plein les yeux.


Œdipe enfant rappelé à la vie par le berger Phorbas,
Antoine-Denis Chaudet.
Cette sculpture m’a frappée
par le contraste entre le bébé minuscule
et la corpulence imposante du berger.
Ce qui m’a poussée à prendre la photo :
la léchouille de pied, bien évidemment !


Napoléon en triomphateur,
François Frédéric Lemot.
Certains détails de cette statue de plomb
ont attiré mon œil : les abeilles sur la tunique,
l’aigle du sceptre impérial et
le collier de la Légion d’Honneur.


Et enfin ma sculpture fétiche de cette visite :
Napoléon s’éveillant à l’immortalité,
François Rude.
Hasard de dingue !
Je tombe sur cette création
du célèbre sculpteur dijonnais,
réalisée pour le capitaine Noisot
 
et érigée dans le parc de sa propriété à Fixin !


Hihi, belle surprise de voir en vrai ce célèbre tableau !


Bon sinon, nous avons passé 45 minutes – enfin, je pense ! je n’ai pas regardé l’heure une seule fois – dans une galerie remplie d’énormes Rubens. Il s’agit de la galerie Médicis, et ce fut un moment exceptionnel, suspendu dans le temps, que nous avons interrompu uniquement parce qu’on n’avait pas toute la journée !


Et puis au détour d’une fenêtre du musée,
on peut jouir d’une très jolie vue,
un peu en hauteur, sur la pyramide,
le palais et l’arc du carrousel du Louvre.


Vue sans hauteur, mais de face.
Je ne me suis jamais lassée du palais du Louvre,
et il est depuis longtemps mon monument préféré de Paris.


Ah quel bonheur de refaire la touriste à Paris, aussi infernale à vivre que merveilleuse à visiter. Cela faisait presque deux ans, et cela m’avait manqué…même si j’aurais préféré être seule cette fois-ci.

Et le soir,  pour cette troisième partie de la journée, direction le Club France Porte de la Villette



pour assister à l’émission qui nous a accompagnés pendant le plus bel été (para)olympique de notre vie.


Tout est comme à la télé,
et les « célébrités » aussi – même Léa.


Ce rendez-vous quotidien vivement critiqué était pourtant génial, surtout quand on n’a pas le temps de regarder les épreuves du jour. Je n’ai raté aucune émission, et j’ai chialé devant chacune d’elles pendant les paralympiques. Mes glandes lacrymales étaient en surrégime pendant ces jeux. Comme Roselyne Bachelot l’avait déclaré ce soir-là, je ne remercie pas ces para athlètes car j’en ai versé, des larmes, à cause d’eux ! En revanche, on peut remercier France Télévisions pour sa couverture inédite des Jeux Paralympiques : un pari risqué, mais qui valait le coup puisque les audiences ont suivi !!

Mon ex, qui a mis deux-cent ans à réfléchir à sa participation, n’avait pas réservé de place dans le public ce soir-là ; mais par un heureux hasard, il a réussi à se faufiler. Résultat : on ne voit que sa vieille tronche derrière Aurélie Aubert pendant toute son interview, ce qui est injuste car je suis beaucoup plus belle que lui. Je plaisante le pense, bien sûr.

La plus belle, de toutes façons, c’était Aurélie. A côté de Miss France, elle illuminait le plateau. J’ai passé un bon quart d’heure à retenir mes larmes tant cette jeune femme me bouleverse depuis sa médaille d’or. Léa Salamé n’arrêtait pas de dire qu’elle était sa chouchoute, et c’est clairement la mienne aussi. Je me suis sentie tellement chanceuse d'être présente le soir de sa présence sur le plateau, de voir son sourire et surtout sa confiance en elle et son sens de la répartie - coucou Kinder ! - aquis grâce à son sport. Pour la petite anecdote, j’ai d’abord voulu prendre une place pour la boccia, par curiosité pour cette discipline, ce à quoi Monsieur a répondu : « C’est quoi ? De la pétanque ? Ben non, je vais pas à Paris pour voir de la pétanque pour handicapés non plus. » Voilà, voilà.

Tout ça pour dire que si je regrette de ne pas avoir assisté en live au sacre d’Aurélie mon rayon de soleil, je ne regrette pas d’avoir largué un homme sans cœur 😊

Ainsi s’achève le jour le plus long, ces trois magnifiques journées en une : le Louvre, Roland-Garros et Quels Jeux au Club France.


Très jolie fontaine by night à la Villette.


De retour à la maison, je me décide enfin, le DERNIER JOUR à voir à quoi ressemble la fan zone de ma ville.


La tristesse de ce dimanche soir,
celle d’une fin imminente.


Deux pelés et trois tondus,
les stands en train de se faire remballer –
y compris celui de la boccia.

Et moi, sur le chemin en direction de mon appartement, prête à regarder la cérémonie de clôture pour savourer avec nostalgie les derniers instants des paralympiques, je n’avais pas envie que le soleil de cette parenthèse sacrée se couche dans la nuit de mon quotidien morose de jeune célibataire.



Car comme disait Paul de Saint Sernin au public en arrivant sur ce plateau du jeudi 5 septembre 2024 : « Allez, plus que 3 jours avant de reprendre nos vies de merde ».

mercredi 4 septembre 2024

Le caractère de Saumur-en-Auxois

Le pont Pinard.


Et si l’exploration de la Côte d’Or allait au-delà des prestigieux vignobles et des monuments à voir absolument ? La beauté de la France ne réside-t-elle pas avant tout dans ses villages, comme j’ai pu le constater au Pays basque par exemple ?

Avec le village côte-d’orien de Semur-en-Auxois, à une petite heure à l’ouest de Dijon, aux portes du département de l’Yonne et du parc naturel du Morvan, la question elle est vite répondue. Nous sommes le 21 août et la foule est raisonnable pour un mois de grandes vacances.

Niveau organisation, on s’est pas foulé : on débarque en centre-ville, on tombe sur l’Office de Tourisme, et celui-ci nous donne un plan du village avec un tracé et descriptif de balade étape par étape. On le suit à la lettre et ça vaut le coup.

Semur-en-Auxois est une cité de caractère d’un charme renversant : elle allie une situation géographique remarquable – sur un éperon barré de granit rose du Morvan, au cœur d’un méandre de l’Armançon – à des édifices médiévaux parfaitement conservés.


Porte Sauvigny.


Rue Buffon.


Porte Guillier.


Notre-Dame. L’intérieur est sans grand intérêt
et l’église a besoin d’une rénovation en urgence.
Le contraste avec l’église de Talant 
visitée il y a peu est saisissant sur ce point.


Rue de l’Abreuvoir et tour Lorillard.


On poursuit la descente
jusqu’à l’apparition du viaduc au loin.


Vue sur l’église, mais surtout deux
des quatre tours du XIIIe siècle – symboles du pouvoir ducal.


Tour de la Prison et tour de l’Orle d’Or.


Les 141 marches de l’escalier du Fourneau
pour rejoindre le donjon.


Vue sur le pont Joly
depuis la tour de la Guéhenne (si je ne m’abuse).


Point de vue depuis la promenade des remparts.
Hôtels particuliers, demeures bourgeoises
et surtout jardins en terrasses.


Une pelouse d’un vert qui fait plaisir à voir
et les jolies rives de l’Armançon au premier plan.


Bâtiment des anciennes tanneries Bizouard, rue des…Tanneries.


Retour au point de départ : encore la rue Buffon.


Encore la rue Buffon,
mais sous la porte Guillier cette fois-ci.


Et au retour, catastrophe. Monsieur insiste pour faire un tour dans la boutique d’usine de la biscuiterie Mistral, qu’il a repérée à l’approche de Saumur.


Résultat : on l’a dévalisée.


Le carnage.


Et avant de rentrer, un petit arrêt au charmant lac de Pont – formé à partir de l’Armançon.


L’eau avait l’air très propre
et la zone de baignade est située au nord du lac – au niveau du barrage.


Bref, filez dans l’Auxois si vous voulez sortir des sentiers battus de la Côte d’Or. D’ailleurs comme l’indique son nom – « Auxois » /« Auxerre » ! –, nous sommes géographiquement plus dans l’Yonne qu’en Côte d’Or. La route est longue est ennuyeuse, c’est très paumé, mais au même titre que l’abbaye deFontenay, on trouve sur ces terres de véritables motifs d’émerveillement.

Assomption des Echelles de la mort


Et le lendemain de cette balade à Talant, direction le Doubs pour un 15 août dans ce qu’on appelle le Jura horloger, plus précisément autour du site mythique des Echelles de la mort. Grimper des échelles de la mort le jour de la résuréction de Marie, ça a de la gueule. Je ne connaissais qu’une fille du petit groupe avec qui j’allais passer ces deux jours, et je suis rentrée avec l’envie de revoir ces gens. Beaucoup de rigolade donc, en plus d’une météo clémente et d’un lieu absolument sublime.

Le premier jour, nous avons torché en à peine 3h30 une randonnée autour des Echelles de la mort. Ne vous fiez pas à son nom effrayant ! Ces échelles aujourd’hui parfaitement stables et solides tiennent leur nom de leurs ancêtres : des échelles vacillantes en bois construites par les contrebandiers qui risquaient leur vie pour passer la frontière suisse, et faire leurs petites affaires.

Plus largement, la vallée du Doubs, très enclavée, suscitait une grande peur et était surnommée la « Vallée de la mort ». Mais nous allons voir que la beauté du lieu est à la hauteur des légendes qu’il abrite. Suivez-moi sur les traces des contrebandiers !


Première photo après la montée de démarrage,
depuis le belvédère de la Cendrée.


La boucle saisissante du Doubs.


Toujours sur le chemin de la contrebande franco-suisse,
une cabane de douaniers.


Après la redescente, au bord du Doubs.


Près du barrage du Refrain,
non loin du site où nous avons pique-niqué.


Admirez le contraste entre le bleu du Doubs
 et la mousse de forêt.


Quel plaisir de longer le Doubs à mi-parcours.


De la belle mousse sur les gros cailloux.


Aperçu du redoutable pont de singe
à trois brins qui nous attend le lendemain.


Aperçu d’une passerelle cette fois-ci.
La hauteur est impressionnante, et impossible
de ne pas voir le vide puisqu’il faut bien
regarder ses pieds lors de la traversée !


La forêt du Doubs est sublime.


Et ces gorges du Doubs
sont littéralement à couper le souffle.

La forêt du Jura : des sapins à perte de vue !

Les magnifiques falaises.

Le surnom de « Vallée de la Mort » prend tout son sens.


Le lendemain, et après une nuit trop courte pour cause d’apéro, de barbecue et de pontarlier (!!!), on se fait la via ferrata desEchelles de la mort.

Bon, les pires sensations sont sans conteste celles qu’on ressent à l’estomac pendant les dix minutes de mauvaise route pour arriver au départ de la via ferrata. Même si je pratique l’escalade, j’avoue n’avoir jamais testé cette activité. Nous avons pris un guide que je recommande vivement. Cette via est notée « assez difficile » et c’est vrai que le début est très fatigant. Il faut toujours rester concentré sur ses gestes, notamment pour le changement de mousquetons. C’est très sportif et personnellement, je n’ai pas eu le temps de penser à profiter de la vue sur les gorges du Doubs. J’ai plutôt découvert la beauté du site au moment de l’envoi des photos par une copine.


Je la remercie d’ailleurs
 pour ses nombreux clichés de qualité.

Spécificité de cette via ferrata :
une tyrolienne à la fin !
C’est chose rare,
et au moins on débranche le cerveau !


Comme je ne suis pas douée,
 j’ai tapé violemment mon genou contre la falaise
au moment de reprendre après une pause. Youhouu !


Et sur le chemin du retour, à l'entrée du village de Beaulieu, surpriiiiise : bloqués pendant une bonne heure pour cause de Tour de France féminin. Décidément, pour quelqu'un qui n'a jamais vu le Tour de France de sa vie, je tape direct un doublé en 2024. D'ailleurs, une étape dans un village de montagne est tellement plus agréable à regarder qu'en ville, où tous les courreurs sont en bloc ultra rapide.


Sur ce, vive le Doubs, putain !