Comme annoncé dans l’article sur ma randonnée dans le Val-Suzon, je suis partie faire un trek au Népal l’hiver dernier. Alors ne nous enflammons pas, j’ai certes foulé les terres hostiles de la Mecque du trek en saison froide, mais cela était dans le cadre d’un voyage organisé et d’un parcours réputé facile. L’organisme s’appelle Les Aventureurs et je vous recommande vivement de jeter un œil sur leurs offres si vous aimez voyager, faire des activités en groupe, et surtout si vous avez un bon budget. Nous étions quatorze jeunes actifs plutôt sportifs – vaut mieux ! - et la plupart d’entre nous continuons à nous voir régulièrement. Car même si nous habitons tous aux quatre coins de la France et même de l’Europe, une passion pour le sport et le voyage, ça rapproche forcément. Ceci étant dit, je n’ai pas été loquace pendant ces deux semaines de séjour : un transfert dans un bus du gigantesque aéroport de Dubaï m’a été « fatal ». Clim excessive oblige, j’ai choppé un sacré coup de froid qui s’est transformé en bronchite. Au Népal, j’ai donc passé plus de temps à tousser et à cracher mes poumons pendant la marche qu’à sociabiliser.
Tout commence sous la grisaille banlieusarde d’un réveillon de Noel solitaire dans une chambre de l’Ibis Budget de Roissy. Dieu merci, je déteste Noel et l’ai très bien vécu ! |
Au
revoir Paris – Stade de France, Tour Eiffel et Tour Montparnasse. |
Tu sais
que tu survoles le Népal quand étant déjà fort haut, un sommet enneigé perce
violemment les nuages. |
À l'approche de l’atterrissage, des montages qui vous prennent aux tripes. |
Arrivés à l’aéroport de Katmandou, notre guide
vient nous chercher. Il s’appelle Maité, « comme la dame qui fait la
cuisine », et parle un Français impressionnant qu’il a perfectionné à
force d’accompagner des groupes de touristes.
Dîner d’accueil
à l’hôtel Thamel House de Katmandou : le premier dal bhat d’une longue série,
et le meilleur. |
Mais après ce long périple pour arriver au
Népal et à peine posés à Katmandou, il faudra déjà partir tôt le lendemain
matin pour environ 5h de bus en direction de Kande,
au pied
des plus hautes montagnes du monde.
Coucher
de soleil depuis l’Australian Camp. |
Le lever de soleil du lendemain matin était
bien plus majestueux que cela : une boule rouge a illuminé notre petite
chambre du refuge au moment d’ouvrir la porte afin de déposer les sacs pour les
porteurs – ces minuscules surhommes sur qui repose toute l’industrie du
tourisme au Népal. Pour la petite anecdote, nous avions loué des sacs de
couchage grand froid - - 30°C - sur place et avions tous dormi comme des bébés
malgré l’absence de chauffage.
Premier véritable jour de trek et malheureusement
dernier jour avec un ciel dégagé…c’est pour moi le plus grand drame de ce
séjour. Après le passage du col de Deurali (2100 m), direction le village de
Landruk par la vallée de la Modi Khola. Cette rivière prend sa source au pied
de l’Annapurna.
Les sommets enneigés nous accompagnent.
Attention, depuis notre retour, les Alpes sont devenues des « petites
collines » à nos yeux, pour reprendre l’expression de Maité.
On croisera des troupeaux pendant le trek, |
mais ce n’est rien comparé aux adorables chiens
– un seul à la fois – qui nous suivront pendant des kilomètres. La fille à chat
que je suis ne peut que s’incliner devant une telle preuve de la bonté du
meilleur ami de l’homme.
Moment
fun de la journée : un beau spécimen de pont suspendu ! |
Des rizières
en terrasse. Rien d’impressionnant pour moi. Rendez-vous ici pour savoir pourquoi. |
Et voici la pire journée du trek selon
moi : des escaliers en pierre, des escaliers en pierre, et encore des
escaliers en pierre. TOUTE la journée. Lorsque nous rejoignons le joli village
de Ghandruk, peuplé par les Gurungs – ethnie de Maité –,
Mais quand on croit que c’est fini, il y en a
encore. Je veux bien sûr parler de ces satanées marches népalaises, puisque
l’après-midi, nous avons enchaîné
avec la
visite de plantations de thé. |
Heureusement
qui le soir venu, on peut compter sur le rhum népalais pour nous réchauffer le
cœur. |
Mélange
sympa, je recommande. |
Le lendemain, direction Tadapani avec ascension
vers le col de Komrong Danda (2655m). Celui-ci était censé nous offrir une
sublime vue sur le Machapuchare, mais
comme
vous pouvez le constater, on voit pas grand-chose au-delà des rizières en
terrasse. |
Heureusement,
j’ai quand même réussi à capter cette vue brumeuse mais potable sur la Modi
Khola. |
Dîner
méga mix à Tadapani, avec – mon Dieu, j’ai oublié de vous présenter cet
incontournable de la gastronomie népalaise ! – deux momos à la vapeur. |
Dernier jour de trek de l’année…et le plus
brouillardeux. Ghorepani, l'un des plus grands villages des montagnes de
l'Annapurna, sera notre station finale pour notre réveillon du 31. Énorme
déception pendant la marche car on ne pouvait qu’imaginer la beauté du paysage
qui se dessinait derrière l’épais brouillard. On regretterait presque la brume
de la veille. En revanche, j’ai beaucoup apprécié la diversité du parcours car
cette journée au cœur d’une dense forêt de rhododendrons géants tranchait avec
les marches des jours précédents. Mes photos sont plutôt jolies, mais disons
qu’elles auraient pu être impressionnantes si j’avais eu la possibilité de voir
autre chose que des éléments de près. Mais ne boudons pas notre plaisir pour
autant.
Le
matin, la lumière était si belle, pourtant. On distingue même les sommets
enneigés au loin. |
Un peu
de ciel bleu. |
Une
super balade en forêt. |
Là, on
voit déjà que les choses se gâtent. |
Alors on
devine l’horizon, et on profite du premier plan, |
qui est
vraiment top, |
avec de jolies petites cascades, |
une belle rivière |
et ces
petites constructions en pierre. |
Et puis
il y a la forêt en elle-même, si belle…Je crois que c’est ce jour-là que nous
avons vu des singes. |
Si la
déception était une photo. |
Vous
sentez le froid humide ? Nous aussi. Les pauses se sont donc faites plus
rares et plus brèves. |
Tadam.
Ghorepani, nous voici ! |
Quel
accueil ! |
Vous
voyez les montagnes derrière les grandes vitres ? Nous non plus. J’ai
encore mal au cœur en regardant à nouveau ces photos. |
Cet
adorable chiot n’a pas arrêté de réclamer des caresses pendant le réveillon.
Mais il ne s’est pas arrêté là, puisque j’ai eu l’immense joie de le voir à
Poon Hill le lendemain. C’était tellement beau d’observer son enthousiasme et
l’énergie spontanée dont il a fait preuve pour nous accompagner aux aurores. Un
vrai toutou d’amour qui doit kiffer sa vie dans un refuge ultra touristique,
avec la garantie d’une compagnie illimitée.
Le réveillon était top : beaucoup de
(très bonne) nourriture, pas mal d’alcool malgré les 2800 m d’altitude, des
chansons de beaufs – et oui, je n’ai pas eu la main sur la playlist – et
surtout de la bonne humeur. Mais 2023 commence avec une montée bien raide à la
frontale et dans le froid pour admirer un très hypothétique – euphémisme quand tu nous tiens – lever de soleil sur les
hauteurs du
belvédère
de Poon Hill, point culminant à 3210 m et but de notre trek. |
Voilà,
le ciel est au max de son dégagement et nous avons tous applaudi quand ces
quelques rayons de soleil ont percé. |
Cela n’a duré que quelques instants, histoire
de bien mettre le seum à la horde de touristes présente. Qu’est-ce que ça doit
être en haute saison et par temps dégagé ?? Pour info, cette station de
montagne offre une vue panoramique sur les sommets du toit du monde : Mardi Himal,
Lamjung Himal, Annapurnas, Dhaulagiri, Machapucchare ! Bref, je n’aurais pas dû
aller sur Google Images en rédigeant cet article, j’en ai eu un pincement au
cœur. Allez, on ferme cet onglet et on redescend.
Petit déjeuner au refuge de Ghorapani quand
soudain…
…un petit
bout de sommet enneigé nous a offert, pendant quelques secondes, le spectacle
de sa majesté presque menaçante avant de quitter les lieux. |
Car oui, j’ai oublié de le dire : la
hauteur des sommets himalayens enneigés qu’on aperçoit au loin a quelque chose
de menaçant qui vous force à l’humilité face à une nature toute-puissante et
grandiose. Note personnelle à tous les écolos qui voudraient nous interdire de
prendre l’avion. Sans voyage, pas de prise de conscience viscérale de la beauté
de notre planète, pas d’expérience profonde et marquante. Bref, sans voyage,
pas de vie qui vaille la peine d’être vécue.
Mise au point terminée, c’est parti pour le dernier jour de trek.
-1700 m de dénivelé, ça picote au niveau des genoux.
Au
revoir Ghorepani et ses toits bleus. |
Nous entamons alors une longue descente vers
la vallée, et la nature, même plongée dans le brouillard, nous donne un joli
spectacle de fin de trek.
Les
drapeaux de prière sont vraiment partout. |
Au bout
du trek, au bout du rouleau. |
Brouillard. |
Des
rizières en terrasse avant de partir. |
Et hop
on change une lettre : rivière. |
Très
jolie. |
Mini-cascade. |
Une
dernière pour la route. |
Quand je
vous disais qu’on a croisé pas mal d’animaux pendant les marches. Et encore, il
manque le son ! |
Arrivés au village de Hile, un bus des années
80 nous attend pour nous mener à la ville de Pokhara (non, pas « Matt
Pokora » !). J’ai cru que nous allions finir dans un ravin, mais
passons. Les mots ne sauraient décrire le fait que je me suis vue mourir à
chaque virage parcouru sur la piste avant de rejoindre la route. Et dire que je
comptais sur le trajet en bus pour me reposer…
C’est partie pour la deuxième semaine du
séjour : même si les randos continueront, fini le trek. Place à la détente
et à la culture. Située à seulement 822 m d’altitude, Pokhara est synonyme
d’oxygène. Avec sa vue – théorique ! – sur les Annapurnas, la capitale
népalaise des sports de montagne marque le départ de nombreux treks.
Vue sur
le magnifique lac Phewa. |
Balade
en barque le premier jour. |
Temple
de Tal Barahi qui trône sur une île au milieu du lac. |
Allez,
encore une petite grimpette. Vue sur Pokhara. |
Toujours
autant de chance niveau dégagement du ciel… |
Direction
le temple de la paix, au sommet de la colline. C’est ici qu’un groupe d’Indiens
a pris plus de selfies avec une autre fille du groupe et moi que de photos du
temple. |
Encore
Pokhara, ville de 255 000 habitants. |
Photo
située derrière le comptoir de la réception de l’hôtel. Visiblement, Cyril
Hanouna est idolâtré au Népal… |
Après Pokhara, nous reprenons la route avant
d’entamer une petite rando direction Bandipur. C’est là que la Bande à Dipur –
nous, quoi… – est née. Sur le chemin, nous visitons Ramkot, un charmant village
Magar. L’un de mes moments favoris de cette deuxième partie du séjour.
Ambiance moyennes montagnes népalaises (qu’on voit mal, comme d’hab).
Encore
quelques rizières en terrasse à l’approche de Bandipur. |
Tadam, on foule le sol de Bandipur, précédés
de notre adorable compagnon qui nous a gratifiés de sa présence pendant toute
la rando. Baptisé Django, il avait l’air chez lui dans
En voici quelques clichés.
Joli
coucher de soleil depuis le toit de notre hébergement à Bandipur. |
« The Old Inn » est une maison
traditionnelle newar très charmante – comme le reste du village – mais dans
laquelle il ne valait mieux pas faire plus d’1m65.
Après une visite matinale et brumeuse de
Bandipur, nous prenons le petit-déjeuner le plus copieux du séjour avant de
rentrer à Katmandou pour les derniers jours.
Le lendemain matin, visite du village de
Kokhana. On ne le voit pas forcément sur ces photos, mais celui-ci a gardé, sur quelques
rares constructions, les stigmates du terrible tremblement de terre de 2015.
L’après-midi, direction la célèbre cité royale
de Patan.
Patan offre également une bien belle
surprise : des macaques pas farouches.
Photographie
intéressante à l’intérieur du musée : des coolies transportant une
Mercedes offerte au roi par Adolf Hitler. |
Dessin
explicatif du système des chakras. D’une manière générale, l’hindouisme est une
religion ultra difficile à comprendre pour nous, pauvres Occidentaux
monothéistes. |
Au-delà de son palais royal et de ses temples,
ce joyau de l’architecture Newar comporte de nombreuses ruelles où se perdre et
observer l’artisanat de bijoux,
ou
encore de bols tibétains. |
Pour notre dernière journée en terres népalaises, nous avons visité Pashupatinath, le temple dédié à Shiva le plus important du Népal. C’est là que nous avons assisté à un long moment extraordinaire, à jamais gravé dans ma mémoire : une cérémonie hindouiste de crémation.
Les gaths de crémation de Pashupatinath. C’est ici qu’on brûle les morts de Katmandou, et d’après notre excellente guide culturelle, on y brûle jour et nuit, sans arrêt.
Selon le
rituel, le fils aîné du défunt se fait raser le crâne avant de lancer la
crémation.
La
foule. |
Ce
jour-là, une personnalité visiblement importante était brûlée. Le drapeau du
Népal recouvrait son corps au son des cors de militaires népalais.
Revenons-en rapidement au temple de Pashupatinath,
avant d’enchaîner par Bodhnath et visiter le
célèbre stupa et quelques-uns de ses monastères. Ce lieu sacré accueille chaque
année des pèlerins venus de toute l'Asie pour accomplir la kora (tour rituel)
et faire tourner les moulins à prières. Rituel que nous avons consciencieusement
accompli. Est-ce que ce looonnng tour fastidieux nous a porté bonheur ?
Qui sait…
Après les cérémonies hindouistes de crémation,
place au bouddhisme. Pour information, les Népalais mélangent
indifféremment les deux religions dans leurs pratiques et leur quotidien.
Last
night in Katmandou.
Il nous fallait passer la dernière soirée dans
cette célèbre discothèque de Katmandou : LOD (Lord Of the Drinks).
Direction l’aéroport au son de cette musique traditionnelle népalaise qui nous a accompagné chaque soir pendant le trek.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire