jeudi 18 août 2022

The Courettes : le duo qui sonne comme un quatuor

 Qu’est-ce que le Reeperbahn sinon un festival qui permet de (re)découvrir les clubs autour de la mythique rue du vice, mais aussi et surtout des artistes encore inconnus ? Avec ses nombreuses conférences, ce festival avant tout destiné aux professionnels n’en était pas moins mon préféré de tous lorsque j’habitais dans la capitale hanséatique. Et lors de la session 2018, j’ai fait le plein de nouveautés, à commencer par The Courettes. Comme le souligne leur petit « slogan », ce duo sonne comme un quatuor tant il est explosif. Problème déjà annoncé dans mon article à ce sujet : je n’ai rien vu de leur concert lors du Reeperbahn festival et pour y remédier, le rendez-vous a été pris pour le 20 octobre 2018 au Pooca Bar. Minuscule établissement de la survoltée Hamburger Berg, il transpirait le charme underground ce soir-là.

 

Anecdote du siècle...

 

…que je me remémore assez souvent depuis. Le concert débute avec plus d’une demi-heure de retard, et qui plus est avec une première partie. Certes, on est samedi soir et on a le temps, mais quand même. La lassitude naît d’une trop longue attente. « Ich hab’ kein Bock auf die Vorband », dis-je plusieurs fois à mes potes en soupirant. Surprise, mes bâillements ont été aussitôt déjoués par le rock qui envoie du bois de The Cave Riot, petit groupe local.

Soudain, entre deux chansons, le chanteur lance à « Hi Klaus » à un vieil homme qui venait de me frôler en se tracant un chemin vers le bar. Une bonne partie du public répond par des petits cris de sympathie du style « wow wow » ponctués de quelques applaudissements en tournant la tête vers le Monsieur. J’ai tout de suite compris : environ 80 ans et célèbre à Hambourg, il était forcément lié aux Fab Four. En rentrant chez moi, j’ai recherché « Klaus Beatles Hambourg » et suis tout de suite tombée sur le visage désormais familier de Klaus Voormann. Incroyable ! Ce musicien et producteur allemand était non seulement très proche des Beatles, mais en plus de cela il l’est resté pendant longtemps puisqu’il a joué de la basse sur les albums solos des anciens membres et a enregistré un trio avec Macca et Ringo Starr en 2009.

À juste titre, vous allez trouver mon engouement bien ridicule, mais je reste persuadée qu’on est vivant si on a la capacité de s’émerveiller des choses en apparence les plus anodines. Transformer les petits moments en grands souvenirs, c’est ça avoir gardé son âme d’enfant, c’est ça être passionné. Or pour moi, frôler un ami intime du plus grand groupe de tous les temps, c’est tout sauf insignifiant. Ce souvenir prend d'ailleurs une dimension particulière quand on connaît mon attachement à la ville de Hambourg qui n’a fait que s’épaissir depuis que je l’ai quittée.


Bref, revenons-en aux Courettes !

 

Une fois la super mise en bouche des Cave Riot terminée, les Courettes prennent place et envoient le pâté. Alors les Courettes, c’est quoi ? Et bien la recette est pour le moins inhabituelle : une chanteuses-guitariste brésilienne et son compagnon danois aux fûts. Son look est en accord avec la musique : tout droit sortis des sixties. Le son est garage bien crade comme on l’aime, le volume est fort et les morceaux sont entraînants. 


Le public, largement composé de Britanniques (ou d’Anglais même ? - est à fond. Comme d’hab. Moi qui arpentait régulièrement les clubs de la ville pour sautiller sur des petits concerts de rock indé, je peux vous assurer que Hambourg a bien de la chance – dans ce contexte, et uniquement dans ce contexte, pas dans la rue, avec ces hordes de jeunes célibataires à l'alcool violent venus fêter des enterrements de vie de garçons à St. Pauli – d’être la ville allemande qui compte le plus de Britanniques. Les Allemands du Nord étant chiants comme la pluie, j’ai maintes fois remercié dans ma tête nos ennemis d’outre-Manche toujours bourrés et défoncés, car au moins on pouvait compter sur eux pour assurer une ambiance survoltée aux concerts.

Bref, c’était génial et il nous a fallu quelques instants pour redescendre sur Terre une fois les derniers riffs envoyés. Le pauvre couple a bien galéré à nous renvoyer à la maison après un dernier morceau improvisé, ou devrais-je dire "forcé" par les cris de la foule. Lors de la petite séance de débriefing au Burger King qui a suivi, nous n’avons malheureusement pas pu répondre à la question que tout le monde se pose, à savoir « que fait une femme aussi canon avec un boudin pareil ? ». Mis à part les traditionnelles explications de l’oseille ou du gros membre, nous n’avons rien trouvé.


Peu importe, on écoute The Courettes, parce que ce sont de tels petits groupes talentueux et pleins d’énergie qui nous laissent une vague lueur d’espoir. Le rock n’est pas mort.



dimanche 14 août 2022

MS Dockville 2018 : 17 - 19 août

Depuis que j’ai retrouvé le chemin de mon premier enfant avec cet article, j’essaie de rattraper le temps perdu. Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsque j’ai constaté un oubli majeur entre le concert de Dream Wife en mars 2018 et le Reperbahn Festival en septembre de la même année : le festival MS Dockville qui s’est déroulé du 17 au 19 août 2018. Et comme je suis en pleine période de nostalgie hambourgeoise, autant aller au bout de cette émotion en rédigeant un article sur ces quelques jours passés dans le quartier de Wilhelmsburg. Comme son nom l’indique, le festival a lieu sur les anciens docks, un site idéal pour la musique qui s’y joue : indie, pop et électro. Ambiance urbaine et public très jeune, ce qui n’a pas empêché la joyeuse bande de trentenaires que nous étions de passer un excellent weekend.


Le site

Traversé par des canaux, le quartier de Wilhelmsburg est assez excentré vis-à-vis du cœur de Hambourg (Reeperbahn, Jungfernstieg, par exemple). Personnellement, je ne l’ai fréquenté que quelques fois en sept ans pour m’entraîner dans son super centre d’escalade, la Nordwandhalle. Comme tous les quartiers des grandes villes allemandes, il n’est rattaché à Hambourg que sur le plan administratif et possède son propre caractère. Des bâtiments industriels et immeubles d’habitations prolétaires aux coins plus ruraux, cette île entourée par l’Elbe est un petit bijou pour un tel festival et donne aux Hamburger l’occasion de se dépayser en prenant les transports en commun.


Je n'ai pas menti au sujet de la dimension rurale, puisque des moutons paissent sur la digue.


Magnifique coucher de soleil sur l’Elbe. Vue sur le port qui me donne envie de pleurer tellement MA ville – par là, j’entends celle où j’ai vécu le plus longtemps – me manque.

Rethespeicher, silo à grains


Mise en perspective avec notre meilleure amie, la belle blonde au premier plan à droite. Petite foule de festivaliers venus admirer eux-aussi ce beau coucher de soleil.

Décor industriel à tous les coins du site


Encore une jolie photo de coucher de soleil. Et la foule.



Même à Hambourg – ou devrais-je dire, de par son caractère maritime, SURTOUT à Hambourg – les Bretons sont là et entendent bien le clamer avec leur célèbre drapeau.



Les concerts auxquels j’ai assisté


Vendredi 17 août 2018

Everything Everything : groupe d’art rock britannique fort sympathique que je connaissais un peu avant de les voir. La prestation de ces Messieurs en bleu de travail était à la hauteur de ce que j’ai pu entendre avant. Pas mal, donc.

Cigarettes after sex : qui ne connaît pas leurs chansons hyper mélancoliques/sexuelles/déprimantes dans le BON sens du terme ? Et bien contre toute attente, nous nous sommes fait chier pendant le live, perdus dans un nuage de fumée bien trop épais. Toutes les chansons sonnent pareil et Cigarettes after sex fait partie de ces artistes qu’il vaut mieux écouter chez soi.

Superorganism : j’étais venue en partie pour eux, alors qu’ils étaient loin d’être une tête d’affiche. Malheureusement, la prestation était très décevante. Des petits c...euh des d’jeuns pardon, dont l’attitude de branleurs hipsters a eu le don de me souler.

Samedi 18 août 2018

Les Suédois de First Aid Kit et leurs deux chanteuses à la voix sublime (surtout la brune). Coup de cœur.

Alt-J : l’une des têtes d’affiche du festival, mais en fait, c’était pas si bien que ça.

 

Dimanche 19 août 2018

Dernier jour de festival. Arrivé trop vite, il n’en restera pas moins le meilleur sur le plan qualitatif.

Welshly Arms : mon plus gros coup de cœur du weekend. Ce groupe de rock blues américain a su mettre le feu, et comme il représente un genre musical en voie de disparition et quasi absent de cet événement en particulier, ces musiciens resteront mes préférés du festival.

Et voici déjà le dimanche soir. Terminons ce festival par l’un des concerts les plus attendus par le public. Découverte totale pour ma part, les Français de The Blaze prouvent que nous sommes définitivement les rois de l’électro.