vendredi 9 décembre 2016

It can never be the same

Il est question d’un moment de grâce similaire à celui-ci dans le sens où le temps se suspend, le quotidien n’a jamais existé et la pensée de la journée de travail du lendemain traverse votre esprit à la manière d’une étoile filante. L’évanescence (non pas le groupe-arnaque des années 2000) de l’astre n’a d’égal que son caractère irréel, tout comme l’idée même que cette soirée puisse avoir une suite, des transports en commun à attendre, une nuit de sommeil qui s’achève par un réveil difficile une poignée d’heures plus tard. A-t-on vraiment vu cette étoile filer dans le ciel ? A-t-on vraiment senti filer cette pensée dans notre esprit alors que dans cette Barclay blablabla O2-Arena tout est Just Like Heaven ?
Voilà, le titre est lâché alors redescendons deux minutes pour parler concret : la setlist. Et bien aucune surprise, les tubes s’enchaînent pendant ces trois petites heures d’un show trop court. Et c’est tant mieux ! Je n’ai pas une seule seconde espéré entendre ce soir-là les sublimes morceaux du chef d’œuvre Pornography, et a fortiori mon préféré : A Strange Day. Non. Ce soir-là l’immense, tant par le gras que la légende, Bob et l’ancien beau-gosse Gallup, si ridicule dans son accoutrement de vieux rockeur qu’il en devint attendrissant, jouent principalement les chansons de leurs trois albums les mieux vendus : The Head on The Door, l’incoutournable Kiss me, Kiss me, me Kiss me et biensûr Disintegration. Mais deux interprétations du jeune The Cure ont retenu mon attention.
Shake Dog Shake avec les ombres agitées des membres du groupe sur écran géant. Excellentes lumières et projections tout au long du show soit-dit en passant, et un rôle non négligeable joué dans l’ambiance onirique qui a porté pendant trois heures cette immense salle remplie.




Et surtout, oh surtout, mon Dieu ! A forest. Je crois que pendant ces dix minutes de fusion indescriptible entre les deux piliers du groupe nous ont tous scotchés dans la salle. Incroyable, ahurissant, sublime, planant : si je me souviens bien, ma bouche était restée ouverte de stupéfaction pendant quelques instants et j’ai bien failli chialer tellement c’était bon. D’ailleurs tous les commentaires laissés sur cette vidéo par quelques autres spectateurs confirment que c’était indéniablement le clou de la soirée.




En vrac :
Pictures of you m’a ravie, réel plaisir d’entendre Charlotte Sometimes que je n’avais pas écouté depuis des lustres, Just Like Heaven ne décrivait non pas le sentiment amoureux, mais clairement ce que je ressentais pendant l'ensemble de la soirée. C’est justement la définition d’un bon concert : une communion si parfaite entre des musiciens généreux et leur public que ce dernier vit pleinement l’instant présent. Une chose si rare à notre époque de course permanente après le temps.
Le troisième rappel était excellent : le fameux The Lovecats jazzy m’a fait kiffer pour des raisons évidentes, Friday I’m in Love m’a fait sourire de mignonnerie, et la fin explosive dans le plus popy que jamais Why Can’t I be You a pérennisé les étoiles que ce concert m’a mis dans les yeux.

Mention spéciale à :
Jason Cooper qui, comme beaucoup de batteurs, nous fait regretter qu’un si grand sex-appeal puisse être caché derrière un si grand instrument. Lui n’a pas morflé.
Un public de quadras ému devant le groupe de sa jeunesse et qui a eu, contre toute attente, le bon goût de ne pas se déguiser en Robert Smith. Donc nostalgie, mais avec parcimonie.
Robert Smith donc, son flegme britannique, la voix la plus reconnaissable de l’histoire de la musique pop, voix aussi intacte que son look. En effet, cette « Liz Taylor pochetronnée » (3'47) pour certains




ou « la meilleure grand-mère » pour une presse allemande dithyrambique suite au concert du lendemain dans la capitale approche de la soixantaine. Néanmoins, offrir trois heures de sublime à Hambourg le lundi et trois heures trente de, d’après les fans qui ont assisté aux deux, moins sublime à Berlin le mardi c’est ne pas avoir d’âge. Ne pas être le leader d’un groupe phare des années 80, mais juste une légende.



Merci Liz.

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