Je marchais à côté d’elle. Ses cheveux blonds si épais et soyeux, irréels, éclataient au soleil comme une perruque. Son tailleur bleu céruléen m’éblouissait de luxe et des talons de dix centimètres de haut affinaient un peu plus ses cannes. Elle souriait tout le temps et riait souvent. Un vrai délice de copine, cette brillante camionneuse provinciale cachée dans des tenues de Parisienne étriquée ! Son jeune mari ne me parlait pas, trop occupé qu’il était à diriger un pays indirigeable. Et puis cela tombait bien, car elle était plus funky. Nous nous moquions comme des gargoulettes de l’exercice du pouvoir, avec tous ces journalistes qui nous courraient après dans le parc. Et il y avait aussi ces gardes du corps, de sympathiques pots de colle.
Peu à peu, j’ai délaissé Marie-Antoinette aux Tuileries, et me suis dirigée vers le Louvre avant de m’enfoncer dans la rue de Rivoli. Pourquoi était-elle déserte ? Aucune idée. Le soleil d’automne brillait dans un ciel à peine décoré de quelques nuages et mon léger blouson en cuir me tenait suffisamment chaud. Pas un groupe de Chinois. Personne. Avaient-ils sécurisé le quartier pour la sortie du couple royal ? Sans doute. En tout cas, Paris était touchante sans ses hordes d’habitants et de visiteurs qui la font vivre. Étrange de trouver une ville plus belle quand elle semble morte et ne s’offre rien qu’à soi. Ou normal. Après tout, l’Homme moderne est un touriste permanent et peu partageur qui hait les autres touristes...
Pourquoi s’est-il mis à pleuvoir sans même que le ciel n’ait eu le temps de s’assombrir ? Telle Lorenzo Lamas dans le générique du Rebelle, torse-nu sur sa bécane en plein soleil et vidant un bidon d’eau sur son visage, je n’étais même pas mouillée par la pluie. Mais bizarrement, elle me faisait plutôt mal, comme si elle agressait ma peau. Ou était-ce du vent ? Incompréhensible. Quelque chose me râpait l’épiderme alors que la pluie avait l’apparence d’un crachin breton tout doux. Heureusement, la confusion ne s’est pas éternisée. Elle a juste duré le temps que je revienne à Hambourg et ouvre les yeux pour tomber nez à langue avec la première, toujours fidèle au poste, à me souhaiter mon anniversaire.
J’ai officiellement une année supplémentaire à mon compteur et il y a 225 ans, on a exécuté ce pauvre Louis XVI. S’il avait su que plus de deux siècles plus tard, un gérant de start-up, pur produit de son époque, allait se prendre pour son ancêtre le roi soleil et se pavaner autour du Louvre avec sa cour, il aurait certainement perdu la tête !
Capet avait les velléités de ses décisions mais n'en avait pas le courage. Chacun peut méditer à propos pour son propre destin.
RépondreSupprimerPauvre Louis XVI... Il aurait suffi qu'il choisisse un autre chemin, plutôt que fuir vers Varennes, et il aurait été sauvé. S'ils avaient galopé vers les pays Bas que nous étions alors, et sous contrôle autrichien (vu qu'on n'était jamais libre), le cours de l'histoire aurait été différent.
RépondreSupprimerJe croyais qu'il y avait une messe anniversaire de sa mort à Tournai, petite ville proche de la frontière française, mais non, il y en a eu une à Watermael-Boitsfort, commune bruxelloise. J'imagine que ce n'était pas une messe post-conciliaire. Il y a encore des personnes légitimistes, c'est incompréhensible... Personnellement, cela m'est égal, mais dans mon pays, la République serait à coup sûr une république bananière...
Des messes d'anniversaire ont lieu les 21 janvier et 16 octobre (date de l'exécution de sa femme) un peu partout en France. La preuve, il y en a une dans une ville paumée près de chez mes parents.
SupprimerToutefois, je suis plutôt amusée de voir que la Belgique comporte des royalistes nostalgiques des Bourbons ahah
J'ai oublié de vous souhaiter un bon anniversaire o:)
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerVotre bourbon vous le prenez avec ou sans galerie des glaces ?
RépondreSupprimerSang. Ca donne un mal de tête pas possible !
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