lundi 25 février 2019

Lettre de Poupette à Choupette

Chère Choupette,

Pardonne cette missive un peu "cheap", comme la qualifierait cet homme de goût qu'était ton maître. "Était", oui. Je me vois forcée d'utiliser l'imparfait car il n'est plus et comme les bipèdes, avec lesquels nous avons pourtant si peu en commun, j'ai encore du mal à réaliser. Selon les conventions humaines, je te présente mes plus sincères condoléances. 

Alors tu es riche, paraît-il ? Les médias ne cessent de parler de ton héritage, occultant ainsi la profonde souffrance dans laquelle la perte de Karl a dû te plonger. Nous, les sacrés de Birmanie, sommes des êtres sensibles dont l'attachement à notre humain s'apparente à celui d'un toutou. Alors sache que de l'autre côté du Rhin, dans la ville qui a vu naître ton maître, deux chattounes te comprennent mieux que personne. Car ni tes deux assistantes attitrées, ni ton garde du corps n'imaginent ce que tu ressens. Derrière le froid apparent de nos sublimes yeux bleus - oui, ils le sont, appelons un chat un chat - se cache une sensibilité à fleur de poils (longs). Ma soeur et moi vivons la moindre absence de Frauchen comme un abandon, et ne parlons pas de ses vacances dans des contrées lointaines pendant lesquelles elle nous manque terriblement...Ou plutôt "elle ME manque" devrais-je dire, car la frangine est une catin qui se donne à la première caresse de la première cat-sitter venue. Mais c'est un autre sujet. 

Revenons-en à toi. Les millions hérités ne remplaceront jamais l'amour inconditionnel d'un bipède esseulé, mais à cela s'ajouteront - peut-être est-ce déjà le cas - les danses humaines intéressées. Je te fais confiance et reste persuadée que tu sauras déceler la cupidité des "proches" de ton Kaiser de la véritable affection et compassion que d'autres, plus rares, te porteront. Mais tout comme les Delon sont de la race des Seigneurs, nous appartenons à la race sacrée de l'animal favori des Occidentaux. Notre supériorité indéniable exclut le moindre doute concernant notre loyauté. J'espère donc que tu feras bon usage de ce petit pécule, et que tu poursuivras ta vie avec élégance et arrogance, dans le plus digne respect des valeurs inculquées par feu ton maître.

Miaou miaou tout doux des bords de l'Alster,

Deine Poupette.



PS : Si tu pouvais nous dépanner de deux/trois barquettes Chat-nel, on ne soufflerait pas dessus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire