Après
le fiasco de mon stage d’escalade à Chamonix
qui s’est soldé,
rappelons-le, par deux blessures respectivement au genou droit et au
coccyx, sans compter mon
incapacité à m’émerveiller devant un sommet de 4000 depuis mon
voyage au Népal,
j’ai malgré tout persévéré
dans l’escalade de falaise et
réservé une semaine de
stage en
avril dans les Calanques – un
cadre qui me faisait envie depuis toujours.
Même
si je déteste faire mes valises et confier mes chats à des
inconnus, je savais qu’il fallait élargir ma zone de confort, et
que j’aimais beaucoup l’esprit collectif et bienveillant des
séjours UCPA.
J’ignorais en revanche que celui-ci allait être de loin le
meilleur.
Direction
la Calanque de Sormiou, dans le
centre UCPA hyper « roots » – comprenez en dortoir et
sans eau courante. Mais ce
petit centre les pieds dans l’eau est
un coin de paradis. Car
au-delà du site
incroyable, la 4G ne passait pas pour la majeure partie des
opérateurs téléphoniques. Ainsi, les journées ultra sportives et
fatigantes se terminaient par un délicieux dîner et des heures à
jouer à des jeux de société – à
l’ancienne, entre sportifs
inconnus
remplis de
bonne humeur et
de sincère
camaraderie.
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Vue depuis la fenêtre de notre chambre |
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Après-midi suivant l’arrivée au centre : spot du Petit Saussois pour revoir la sécu en moulinette et se faire la main sur des voies faciles |
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Oui, la beauté semble irréelle. Pour info, la Calanque de Sormiou est privée : elle appartient à une riche famille marseillaise. |
Après une
deuxième journée
où j’ai grimpé comme une merde sur un autre spot de type
dalle de la Calanque de Sormiou et
paniqué lors de ma première grimpe en tête depuis Cham,
nous avons pris pour la seule fois de la semaine la navette direction
la Calanque de Morgiou.
L’Abri Côtier est un site
d’escalade familial ultra fréquenté, mais
ce jour-là était
exceptionnellement bondé :
le périph aux heures de pointe. Toutes les nationalités européennes
semblaient présentes
et certains pratiquants ont
même créé
des situations
potentiellement dangereuses – à
l’instar de l’installation d’un relais juste en-dessous du
notre, donc DANS notre voie.
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Calme de la matinée qui n’a malheureusement pas duré. |
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J’ai tout de même flashé une voie un chouia plus difficile juste avant de rentrer, enregistrant – jusqu’ici ! – ma meilleure perf du séjour. |
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La Calanque de Morgiou possède le principal port de pêche entre Marseille et Cassis. |
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Elle se situe dans le quartier des Baumettes et c’est en roulant devant la prison que nous avons appris qu’on pouvait manger dans son restaurant où travaillent des détenus. Il paraît que la nourriture est très bonne et que les résultats de réinsertion sont excellents. |
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Allez, bye-bye Morgiou. Après tant de stress à l’Abri Côtier, tu ne feras pas partie des plus beaux souvenirs de la semaine. |
Sauf
que le quatrième et avant-dernier jour a tout rattrapé.
Toutes
les marches d’approche dans les Calanques sont éprouvantes. Car en plus du dénivelé, les sentiers sont bien casse-gueule et
il faut souvent mettre les mains. Mais la marche vers les falaises du
cirque de Tiragne était particulièrement corsée : plus d’une
heure assez intense et, une fois le col de Luï
d’Aï
passé, nous avons même emprunté une via corda. J’avoue toutefois
que celle-ci était de loin la partie la plus fun de la marche
d’approche. Faire passer les mousquetons, ça a un côté satisfaisant mine de rien.
Mais
purée qu’est-ce que ça valait le coup de galérer autant ! Des
cinq spots, le
cirque de Tiragne était à la fois le plus
vertigineux/venteux/effrayant/impressionnant et le plus magnifique.
Disons qu’il était à couper le souffle dans tous les sens du
terme. Heureusement que la falaise avec le plus de gaz où
nous avons passé la matinée est
très bien équipée : on peut
y installer une ligne de vie pour les assureurs au sol. Parce
que très clairement, deux ou trois pas en arrière et...bref.
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La récompense de la randonnée d’approche : vue sur l’île de Riou |
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Mis à part l’Algarve, j’ai rarement vu un paysage aussi sublime que les Calanques. |
Quand je parlais de vent…
Le mistral soufflait
tellement fort
ce matin-là
que j’ai grimpé en manteau et n’ai pas voulu faire de deuxième
voie en tête – alors que j’avais repris confiance – uniquement
parce que j’avais trop froid en haut lors de la manip au relais.
Mais bon, j’ai atteint mes principaux objectifs de stage à
la fin de cette journée
intense : reprise
de confiance en moi et dans
la grimpe en tête, maîtrise de l’assurage dynamique, bonne
grimpe avec pose de pieds et
transfert de poids et
maîtrise de la manip au relais. Bref,
je me suis surpassée et étais de plus en plus épanouie sur le plan
sportif et technique.
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Spot – toujours vertigineux – où nous avons grimpé l’après-midi. C’est là que mes performances ont continué d’aller crescendo. |
...pour terminer en apothéose dans
une 5B+ (d’après notre moniteur)/5C (d’après le topo) le
dernier jour. En moulinette certes, mais faut voir de quel niveau
catastrophique de technique et de maîtrise de mes peurs je partais !
Comme pour les autres jours, aucune preuve de mes prouesses ;
vous devrez ainsi me croire sur parole. Car la photo en tête de
l’article est la descente d’une voie en fissure que j’ai ratée à cause de sa technicité et de mon état de fatigue en fin de
séjour.
Bref, pour en revenir au dernier spot de grimpe, nous
nous sommes rendus à l’Arche Perdue après 40 minutes de marche
intense – comme d’habitude, mais mentalement elle m’a été insupportable aussi bien à l’aller qu’au retour. La voie que j’ai flashée était
difficile certes, mais faisable
et assez fun : environ
35 m, un peu en dalle,
peu de prises
de mains pour bien bosser la
pose de pieds et le
transfert de poids, une
vire au
début pour une petite lecture du reste de la voie, et enfin des arbustes dans lesquels se viander à la descente à cause
du ballant et ainsi achever des jambes bien attaquées par une semaine
d’escalade:)
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Joli aperçu depuis le pique-nique sur le chemin de l'ultime retour au centre |
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Inutile de dire que le retour à la vie de tous les jours a été très rude. |