mardi 3 juin 2025

Grimper au paradis


Après le fiasco de mon stage d’escalade à Chamonix qui s’est soldé, rappelons-le, par deux blessures respectivement au genou droit et au coccyx, sans compter mon incapacité à m’émerveiller devant un sommet de 4000 depuis mon voyage au Népal, j’ai malgré tout persévéré dans l’escalade de falaise et réservé une semaine de stage en avril dans les Calanques – un cadre qui me faisait envie depuis toujours.

Même si je déteste faire mes valises et confier mes chats à des inconnus, je savais qu’il fallait élargir ma zone de confort, et que j’aimais beaucoup l’esprit collectif et bienveillant des séjours UCPA. J’ignorais en revanche que celui-ci allait être de loin le meilleur.

Direction la Calanque de Sormiou, dans le centre UCPA hyper « roots » – comprenez en dortoir et sans eau courante. Mais ce petit centre les pieds dans l’eau est un coin de paradis. Car au-delà du site incroyable, la 4G ne passait pas pour la majeure partie des opérateurs téléphoniques. Ainsi, les journées ultra sportives et fatigantes se terminaient par un délicieux dîner et des heures à jouer à des jeux de société – à l’ancienne, entre sportifs inconnus remplis de bonne humeur et de sincère camaraderie.


Vue depuis la fenêtre de notre chambre

Après-midi suivant l’arrivée au centre : 
spot du Petit Saussois pour revoir la sécu en moulinette
et se faire la main sur des voies faciles


Oui, la beauté semble irréelle.
Pour info, la Calanque de Sormiou est privée :
elle appartient à une riche famille marseillaise
.


Après une deuxième journée où j’ai grimpé comme une merde sur un autre spot de type dalle de la Calanque de Sormiou et paniqué lors de ma première grimpe en tête depuis Cham, nous avons pris pour la seule fois de la semaine la navette direction la Calanque de Morgiou.

L’Abri Côtier est un site d’escalade familial ultra fréquenté, mais ce jour-là était exceptionnellement bondé : le périph aux heures de pointe. Toutes les nationalités européennes semblaient présentes et certains pratiquants ont même créé des situations potentiellement dangereuses à l’instar de l’installation d’un relais juste en-dessous du notre, donc DANS notre voie.


Calme de la matinée
qui n’a malheureusement pas duré.


J’ai tout de même flashé une voie un chouia plus difficile
 juste avant de rentrer, enregistrant – jusqu’ici ! – 
ma meilleure perf du séjour.

La Calanque de Morgiou possède
le principal port de pêche
entre Marseille et Cassis.


Elle se situe dans le quartier des Baumettes
et c’est en roulant devant la prison que nous avons appris
qu’on pouvait manger dans son restaurant
où travaillent des détenus.
 Il paraît que la nourriture est très bonne
et que les résultats de réinsertion sont excellents.


Allez, bye-bye Morgiou.
 Après tant de stress à l’Abri Côtier,
tu ne feras pas partie
des plus beaux souvenirs de la semaine.

Sauf que le quatrième et avant-dernier jour a tout rattrapé.

Toutes les marches d’approche dans les Calanques sont éprouvantes. Car en plus du dénivelé, les sentiers sont bien casse-gueule et il faut souvent mettre les mains. Mais la marche vers les falaises du cirque de Tiragne était particulièrement corsée : plus d’une heure assez intense et, une fois le col de Luï d’Aï passé, nous avons même emprunté une via corda. J’avoue toutefois que celle-ci était de loin la partie la plus fun de la marche d’approche. Faire passer les mousquetons, ça a un côté satisfaisant mine de rien.

Mais purée qu’est-ce que ça valait le coup de galérer autant ! Des cinq spots, le cirque de Tiragne était à la fois le plus vertigineux/venteux/effrayant/impressionnant et le plus magnifique. Disons qu’il était à couper le souffle dans tous les sens du terme. Heureusement que la falaise avec le plus de gaz où nous avons passé la matinée est très bien équipée : on peut y installer une ligne de vie pour les assureurs au sol. Parce que très clairement, deux ou trois pas en arrière et...bref.


La récompense de la randonnée dapproche :
vue sur l’île 
de Riou


Mis à part l’Algarve, j’ai rarement vu un paysage
aussi sublime que les Calanques.


Quand je parlais de vent…


Le mistral soufflait tellement fort ce matin-là que j’ai grimpé en manteau et n’ai pas voulu faire de deuxième voie en tête – alors que j’avais repris confiance – uniquement parce que j’avais trop froid en haut lors de la manip au relais. Mais bon, j’ai atteint mes principaux objectifs de stage à la fin de cette journée intense : reprise de confiance en moi et dans la grimpe en tête, maîtrise de l’assurage dynamique, bonne grimpe avec pose de pieds et transfert de poids et maîtrise de la manip au relais. Bref, je me suis surpassée et étais de plus en plus épanouie sur le plan sportif et technique.


Spot – toujours vertigineux –
où nous avons grimpé l’après-midi.
C’est là que mes performances ont continué d’aller crescendo.


...pour terminer en apothéose dans une 5B+ (d’après notre moniteur)/5C (d’après le topo) le dernier jour. En moulinette certes, mais faut voir de quel niveau catastrophique de technique et de maîtrise de mes peurs je partais ! Comme pour les autres jours, aucune preuve de mes prouesses ; vous devrez ainsi me croire sur parole. Car la photo en tête de l’article est la descente d’une voie en fissure que j’ai ratée à cause de sa technicité et de mon état de fatigue en fin de séjour.

Bref, pour en revenir au dernier spot de grimpe, nous nous sommes rendus à l’Arche Perdue après 40 minutes de marche intense – comme d’habitude, mais mentalement elle m’a été insupportable aussi bien à l’aller qu’au retour. La voie que j’ai flashée était difficile certes, mais faisable et assez fun : environ 35 m, un peu en dalle, peu de prises de mains pour bien bosser la pose de pieds et le transfert de poids, une vire au début pour une petite lecture du reste de la voie, et enfin des arbustes dans lesquels se viander à la descente à cause du ballant et ainsi achever des jambes bien attaquées par une semaine d’escalade:)


Joli aperçu depuis le pique-nique 
sur le chemin de l'ultime retour au centre


Inutile de dire que le retour à la vie de tous les jours
a été très rude.

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