jeudi 31 juillet 2025

MAM de Paris

Le ParaventToyen, 1966. Sans doute le tableau surréaliste qui m’a le plus intriguée. Aussi attirant que repoussant, il représente l’ambivalence de la position de la femme dans les rapports de séduction : elle est à la fois soumise à la menace masculine – incarnée par les spectres qui l’entourent – et actrice de son propre désir, notamment à travers l’allégorie de la panthère et les gants sensuels. La bouche presque effrayante, ouverte dans un cri mais maquillée de rouge à lèvres, est le motif principal de cette dualité.

Qui dit séjour à Paris, dit musée.


Rue de la Manutention depuis le métro Iéna, avec ce bel angle haussmannien.

Au lendemain pluvieux d’une soirée magique au Lollapalooza Paris 2025, quoi de mieux que la visite du Musée d’Art Moderne de Paris ? Pour la petite histoire, il est situé avenue du Président-Wilson et occupe l’aile est du Palais de Tokyo, tandis que l’aile ouest de ce bâtiment – elle aussi appelée « Palais de Tokyo » par métonymie – est un lieu dédié à la création contemporaine.

Vous suivez ? Non ? Peu importe. Retenez que la collection permanente du MAM contient plus de 400 œuvres et que l’entrée est gratuite.

Ce samedi 19 juillet, j’ai eu la bonne idée d’arriver vers 12h dans un bâtiment quasi désert. Ce n’est qu’en sortant que j’ai aperçu une file d’attente débordant jusqu’à l’extérieur en milieu d’après-midi. Alors oui : allez-y le plus tôt possible ! Comme pour le musée d’Orsay – qui reste à ce jour mon musée parisien favori – voici un retour en images sur mes principales découvertes artistiques. Un moment exquis hors du temps et en solitaire.


Avec ses lignes épurés, ce bâtiment construit en 1937
est caractéristique du style Art déco.


« La France éternelle » de Bourdelle,
au-dessus d’une plaque commémorative
 incluant la croix de Lorraine.


Bas reliefs d’Alfred Janniot.
J’avoue avoir zoomé pour mettre en évidence cette espèce de Hulk
aux jambes reptiliennes écartées.
Dieu que je m’exprime mal, mais regardez au moins de quoi je parle !


Très jolie vue sur la dame de fer depuis l’esplanade.


Sur ce, il est temps de s’égarer à l’intérieur.


Hommage à la génération de ma maman, celle des vrais boomers.
« Sylvie (grosse tête) » de Nina Childress, 2018.


« Maria Ricotti dans « L’Enjôleuse » », Kees Van Dongen, 1921.
Là encore, j’ai été séduite par la grâce du sujet,
une actrice aussi belle que triste, et dont la posture lasse voire souffrante
est soulignée par ces pétales qui tombent de la rose.

« Spider », Louise Bourgeois, 1995.
La seule œuvre de ce musée que je connaissais.
Étant arachnophobe, j’ai du mal à souscrire à l’explication donnée sur place :
« Loin d’incarner une créature menaçante, l’araignée de Bourgeois
apparaît comme une figure protectrice et apaisante. »
J’ai d'ailleurs quitté la salle en un temps record juste après avoir pris cette photo !


« Le buveur assis », Bernard Buffet, 1948.
 Rares sont les peintres hommes qui ont retenu mon attention,
mais le style si distinctif de Bernard Buffet m’a totalement happée.
Je me suis arrêtée dans un long moment de compassion absolue
face à ses personnages tristes et émaciés.


« Nature morte au revolver », Bernard Buffet, 1948.
La suite logique au « buveur assis » ?


« Notre-Dame de Paris », Niki de Saint Phalle, 1962.
Une plasticienne que je ne connaissais que de nom.
C’est glauque et saisissant,
surtout quand on est peu confronté aux travaux de plasticien.nes.
Seule membre féminine des « Nouveaux Réalistes »,
l’artiste se spécialise en quelque sorte dans les « tableaux-tirs »,
résultats de performances lors desquelles Niki de Saint Phalle
tire avec un fusil sur des œuvres recouvertes de peinture blanche.
Voilà pour la présentation.
Quant à la cathédrale, cette réinterprétation
très sombre et grotesque de notre monument phare est censée renvoyer
à l’univers tout aussi grotesque et inquiétant du roman de Victor Hugo.
 Il y aurait alors également une dénonciation
du contexte politique contemporain à la plasticienne.

samedi 26 juillet 2025

Ce qu'il ne fallait pas louper le premier soir du Lollapalooza Paris 2025


Huit ans après sa première édition parisienne et l’article assassin que je lui avais consacré – je n’ai pas osé le relire et me contente de le citer – il était temps de redonner une chance au festival Lollapalooza. Dieu merci, l’eau a coulé sous les ponts et je suis ressortie enchantée de cette première soirée du Lollapalooza 2025.

En ce vendredi 18 juillet, le temps était trop lourd pour me donner l’envie de 
fouler l’Hippodrome de Longchamp en même temps que tout le monde. Flemme de faire la queue pour ensuite assister à des concerts en plein cagnard. Je préfère préserver mon énergie et cibler trois à quatre concerts afin de les vivre intensément. Alors tant pis pour le rock indé de Balu Brigada et le hip hop très Beastie Boys de Joey Valence&Brae, j’ai juste eu le temps d’entendre Alex Warren chanter son tubesque « Ordinary » au moment de passer les contrôles.

J’arrive donc sur le site aux alentours de 18h45, soit l’heure de début de Lola Young. Ça tombe bien, je voulais absolument la voir. Comme pour l’ensemble de cette soirée, je n’ai RIEN filmé ni photographié des concerts. Si vous voulez voir des vidéos par définition incapables de retransmettre la magie de l’instant présent, il y a ce qu’il faut sur TikTok ou Youtube. J’étais tellement bien que je n’ai ressenti ni l’envie ni le besoin d’immortaliser les choses. Ce qui ne veut pas dire que je ne le fais pas pour d’autres concerts tout aussi géniaux. Disons que cela dépend de mon humeur.


Lola Young : la f*ck you attitude so English it hurts


L’interprète de « Messy » a livré une prestation tout à fait honorable malgré les conditions climatiques dont elle ne se cachait pas de souffrir. Those sticky bodies...Elle tient les notes comme c’est pas permis et sa voix puissante a un effet très cathartique. Car si l’ensemble des titres semblent un peu fade en version studio, ils revêtent une tout autre dimension lorsqu’ils sont interprété en live. Par exemple, j’ai adoré entendre « Conceited », ma préférée de l’album si bien nommé « This wasn’t meant for you anyway ». Voilà, c’était Lola au Lolla – je m’en serais voulue de ne pas la faire ! On peut enchaîner maintenant.


The Last Dinner Party ou la nouvelle sensation rock UK


Spoiler : la soirée monte crescendo en matière de préférence personnelle. Ce groupe entièrement composé de meufs – la rareté du fait et la joie qu’il entraîne en moi me poussent à le souligner – envoie du lourd. Leur premier album « Prelude to Ecstasy » est absolument magnifique et varié. Il me rappelle les années 80 et plus particulièrement Kate Bush. On peut aussi citer Florence and the Machine, mais comme j’ai une prédilection pour la première, j’ai tout de suite pensé à elle en découvrant The Last Dinner Party. L’influence s’exerce par ailleurs sur le plan visuel, puisque le côté baroque est totalement assumé dans les tenues et les décors. Quant aux clips, n’en parlons pas. On est à la limite du court métrage tant ils sont soignés, ce qui est très caractéristique des années 80.


Sur scène, la chanteuse Abbigail Morris fait le show, interagit énormément avec le public, et ses camarades possèdent au moins autant de charisme qu'elle. C’était absolument génial ! J’adore ce groupe, avec son exigence dans les compositions et son originalité qui leur a permis de créer un univers en faisant du neuf avec du vieux. Pour un délicieux cockail à consommer sans modération jusque dans la salle de sport, prenez une fougue typiquement féminine mélangée à l’énergie pure du rock et ajoutez une bonne dose de claviers très eighties, de type Siouxie and The Banshees. Vous voulez une preuve irréfutable du talent de The Last Dinner Party ? Elles ont fait la première partie des Rolling Stones à Hyde Park en 2022.


Qui est plus sexy que Benson Boone ?


À ma connaissance, personne. Celui qui assume sa filiation artistique avec Freddy Mercury  le goat de la performance scénique  est aussi doué en saltos qu’en chant. Avec une superbe voix de tête au service de tubes catchy aux paroles facilement mémorisables, Benson Boone applique la recette parfaite pour des concerts inoubliables. Son sex appeal a fait remonter une température qui commençait pourtant à descendre péniblement en cette soirée de juillet. Le public très, très, très majoritairement féminin – pas étonnant vu la programmation de cette première journée de festival – était vraiment au top. Ça hurlait les paroles, ça ne filmait pas excessivement, et surtout ça bougeait.


Le jeune homme redouble d’énergie sur scène, plaisante avec le public – rares sont les Américains qui le font tant leurs prestations sont calibrées, et encore moins en festival – et prie même ses spectateurs de ne pas filmer pendant « In the Stars » afin de vivre pleinement la chanson. Et ça a plutôt bien fonctionné. Corps souple et athlétique, bien mis en valeur sous un t-shirt moulant et un pantalon pattes d’eph très stylé avec poches à l’avant. Coupe mulet, moustaches et yeux bleus magnifiques qu’il dévoile en jetant ses lunettes de soleil après quelques notes de « Sorry I’m Here For Someone Else », juste avant d
’exécuter son premier salto avant. Non vraiment, il a tout pour lui, et je ne souscris pas du tout aux critiques dans son pays d’origine à l’égard de son album « American Heart ». Je doute que ses morceaux natteignent un jour le dixième de la postérité de ceux de Queen – et c’est le cas 99 % des artistes ! – mais mon Dieu qu’ils sont efficaces.


Soyons francs : j’en ai vu des concerts dans ma vie, et je n’ai jamais été confrontée à un artiste aussi sexy en live. Il produit un effet de dingue sur toutes les femmes. Non, vraiment, ce soir-là, nous n’étions pas là pour quelqu’un d’autre.



C’est pourquoi après un petit tour dans l’espace Wellness du site – que je recommande vivement, car j’imagine qu’il sera reproduit lors des prochaines éditions – je suis rentrée au bercail. J’entendais Olivia Rodrigo en fond sonore, la plus grosse tête d’affiche de cette soirée, et me disais que sa musique était bien trop inaudible pour les plus de 16 ans. Blague à part, merci à Lola Young, The Last Dinner Party et Benson Boone de m’avoir réconciliée avec le Lolla. Merci aux filles d’être massivement des êtres supérieurs, car cette surreprésentation féminine n’était pas étrangère à l’ambiance hyper cool du festival.


vendredi 18 juillet 2025

Les faux méchants en deuil


Les gars est mort. Je n’arrive toujours pas à réaliser. J’ai pourtant enchaîné hier les replays des deux émissions hommages qui lui avaient été consacrées.


Tout d’abord, le face cam totalement autobiographique produit et réalisé par Audrey Crespo-Mara, dont on entend quelquefois les petits rires si mignons de femme amoureuse. Cet obsédé du contrôle avait parfaitement orchestré les hommages posthumes, de la diffusion de ce reportage juste après sa mort à la cérémonie des obsèques. D’ailleurs, je refuse de croire que ce royaliste n’a pas fait exprès de mourir un 14 juillet. Dans La face cachée del’Homme en Noir, Thierry Ardisson revient sur sa vie romanesque avec la sincérité et l’intelligence qui le caractérisent. Son récit est entrecoupé de témoignages de proches – la réalisatrice Marie-France Brière, la productrice Catherine Barma, Laurent Baffie bien évidemment, mais surtout, et pour la première fois, ses trois enfants. « Les pauvres gosses », me disais-je parfois en riant !


Mais ce n’est pas le plus frappant ici. Le septuagénaire malade – bon sang, mais qui savait qu’il était atteint d’un cancer du foie diagnostiqué en… 2012 !? – se fait filmer dans son lit d’hôpital, perfusé, en larmes face au dévouement du personnel hospitalier qui tranche avec l’égoïsme sauvage de son milieu, et conclut avec des images de son intérieur. Ces séquences jettent à la figure du téléspectateur une vérité dépouillée : le courage d’un catholique qui n’avait pas peur de regarder la mort en face. On peut aussi y voir une reprise de contrôle dans des moments où il est le plus vulnérable, livré à la maladie et à la médecine. Son corps est entre les mains de gens en blouse blanche ? Qu’à cela ne tienne ! Le propriétaire de cet amas de tissus et de vaisseaux, lui, signe une ultime provocation en montrant ce qu’on souhaite habituellement cacher : le « laid » devient alors sublime. Et le regard de sa brillante épouse y participe largement.


Ardisson n’était pas à une contradiction près. Et c’est ce que je retiens de la seconde émission hommage diffusée sur France 2. Forcément moins intime, son intérêt est ailleurs. D’autres proches, tous du métier, ou presque, témoignent. Sur le plateau animé par Stéphane Bern – l’autre royaliste assumé du PAF – s’expriment des gens à l’analyse fine et qui semblaient très bien connaître le défunt. J’ai apprécié les interventions de Jérôme Béglé, journaliste à Paris Match et ami, d’Yves Bigot, son ancien patron, de Maïtena Biraben, dont il a lancé la carrière en France, et de Môsieur Philippe Corti, dont il a réduit la peine de prison en l’embauchant à sa sortie.


La voilà, la contradiction. Et cette émission riche en délicieux extraits de Tout le monde en parle – normal, c’est France 2, c’est la maison – a permis de dire clairement ce que j’ai toujours intuitivement pensé de l’Homme en Noir. Celui que ses très nombreux détracteurs pouvaient qualifier de conservateur, sous-entendu de facho d’extrême droite, parce qu’il était catholique et royaliste, était en réalité un « chrétien de gauche » selon Jérôme Béglé. Un gauliste non républicain avec un sens du service public chevillé au corps. Son réel souci des autres était en contradiction avec sa mégalomanie revendiquée. Ses appels aux amis en difficulté pour leur demander s’ils avaient besoin de fric, en accord avec le principe de charité chrétienne, restaient toutefois en contradiction avec son égoïsme ostentatoire. Lui qui ne s’est pas occupé de ses gosses et qui d’après sa fille, ne parlait que de lui. Nombriliste, en plus de cela… Son goût pour le luxe, sans parler du personnage avide de luxure qu’il s’était construit, était en contradiction avec sa foi catholique. Et surtout, surtout, le provocateur qui humiliait ses invité.E.s était en contradiction avec l’intérêt sincère qu’il portait au travail et au parcours des autres.


Prêt à tuer pour un bon mot certes, parfois au détriment de la dignité de certain.E.s – la « barbac » prévue pour Baffie. Mais Ardisson piquait plus par goût de la liberté que par pur sadisme. Car contrairement à un Hanouna qui a lui aussi construit sa carrière sur l’humiliation publique, lui était un érudit et extrémiste de la liberté d’expression qui laissait les gens répondre. Ses rires aux éclats montraient à quel point il était satisfait et non vexé qu’on lui cloue le bec en retour. Tout le monde en parle, pourtant ultra montée et coupée, avait des airs de repas de famille ou d’apéro entre potes : elle était sans filtre, notamment grâce à la présence du tonton blagueur en face. C’est précisément cette absence de limite, cette spontanéité, que l’Homme en Noir recherchait dans ses émissions. 93,faubourg Saint-Honoré était l’aboutissement de cet esprit.


En mettant un écrivain ou un homme politique entre une actrice de charme et un humoriste, Ardisson a amené la culture aux masses. Son extraction sociale, sans doute. Car le royaliste à l’air hautain n’était ni noble, si même Parisien. Le masque ultime selon moi. Se faire passer pour un connard friqué et supérieur de naissance alors qu’il venait de Province et qui plus est d’un milieu modeste, c’était selon moi sa plus éclatante contradiction. Peut-être cette espèce de souci du peuple bien caché explique-t-il pourquoi il a créé et animé pendant tant d’années l’une des émissions les plus populaires du PAF, et donc pourquoi il a réussi, par le mélange des genres et l’introduction de « cul » un peu partout, à faire rentrer de force la culture à une heure de grande écoute.


Et si ses salves étaient bien souvent cruelles, c’était par pudeur. Comme disait Biraben sur France 2 – décidément fort brillante dans cette émission en direct ! – il n’avait pas les moyens d’être tendre.

Les gens qui ont peu confiance en eux transpirent l’arrogance. Les gens mal à l’aise sont cinglants avec les autres pour ne pas être les seuls à être mal à l’aise. « Y a pas de raison », disait-il. Les gens hypersensibles – les vrais, pas ceux qui utilisent ce concept à la mode à tort et à travers – le cachent souvent trop bien. La fameuse carapace est énorme. Les gens qui n’ont pas été aimés correctement pendant leur enfance ne peuvent pas se permettre d’exprimer sincèrement leurs sentiments. Pour cela, il faudrait déjà qu’ils s’aiment eux-mêmes, et ça, c’est impossible. Ce n’est pas rattrapable. Alors ils s’habillent bien souvent d’une armure de narcissisme tandis qu’en-dessous, la vérité est inverse : ils ne s’aiment pas. Ils ne s’aimeront jamais.


Voilà, malgré tout ce que les bien pensants disaient déjà de lui à l’époque, ce que j’ai toujours perçu d’Ardisson. J’ai passé mes samedis soirs devant ce type, j’ai tellement appris en regardant les adultes. Je suis même tombée amoureuse pour la première fois. C’était toute une époque, celle de la liberté, juste avant l’apparition des réseaux sociaux. Et la jeune fille que j’étais riait aussi aux blagues sexistes, car elle ne voyait pas le mal. Il en serait tout autrement aujourd’hui – vous n’imaginez pas à quel point ! 


À mes yeux, Ardisson était avant tout un homme cultivé, un intellectuel – lui qui rêvait de devenir écrivain –, perfectionniste, provocateur, curieux des autres et profondément sensible. Je n’arrive pas à croire que ce type avec qui j’ai grandi – je ne parle pas que d’âge – et en qui je me suis toujours retrouvée, soit mort. Les faux méchants, les vrais hypersensibles, ceux que tout le monde adore détester, ceux dont tout le monde parle (en mal), ceux qui servent de boucs émissaires idéaux et dont on ne retient que les méchancetés et jamais les bonnes actions, ceux qui payent pour les vrais méchants et faux gentils, ont perdu un phare.

dimanche 22 juin 2025

Pourquoi il faut courir voir SANTA en concert


Exceptionnellement, je n’ai pas envie de rédiger un compte-rendu de concert habituel, mais plutôt une liste d’arguments.


1) Parce que l’album est superbe. On peut toujours essayer d’en mettre plein la vue au public en live, mais ce sera ridicule en l’absence de compositions de qualité. « Recommence-moi » est un enchaînement de pépites. Ma préférée est Silverlake, mais j'adore aussi Chanter le monde pour un début de concert qui annonce bien la couleur, Paradis pour la chair de poule qu'il donne et La différence, le tout dernier single, pour son côté empowering et militant avec le drapeau LGBT brandi par SANTA pendant son interprétation.


2) Parce que SANTA est une show girl depuis toujours. J’avais déjà eu l’occasion de la voir dans ses œuvres avec son groupe Hyphen Hyphen,  et son énergie n’a pas changé. Au contraire, elle a été sublimée par de plus gros moyens.


3) Parce que c’est une chanteuse de l’extrême. À défaut de danser sur les bars comme dans sa vingtaine, la trentenaire exécute aujourd’hui des saltos dans les airs sur « Recommence-moi », fait péter les flammes sur « Je brûle » – dans notre Zenith mal ventilé en pleine canicule, c’était pour nous achever ! – et surtout interprète son cultissime « Pop-corn salé » au piano, suspendu au-dessus du public.



4) Parce qu’elle a un sacré coffre. En ce 19 juin 2025, l’artiste nous a confié souffrir d’une angine de clim...On la cherche toujours, l’angine. Avec sa voix ultra puissante, elle peut même se permettre de reprendre le taulier sans paraître ridicule. Son « Vivre pour le meilleur » m’a scotchée. Je pas dautre exemple de chanteu.se.r vivant capable den faire autant.


5) Parce que le billet coûte 30 balles. Sans doute le meilleur rapport qualité-prix d’une place de concert de l’histoire des tournées, non ?

lundi 9 juin 2025

Foire aux sorcières de Mâlain - Pentecôte 2025

On s’est fait des nouveaux potes.


Tous les deux ans à la Pentecôte, le village médiéval de Mâlain en Côte d’Or accueille ce qui est devenu un incontournable du département : la Foire aux sorcières.  Pour connaître l’histoire entre Mâlain et la sorcellerie, c’est par ici. La fête gagne en affluence chaque année, mais 2025 a explosé tous les records pour sa XVe édition ! 10 000 personnes seulement étaient présentes le samedi maussade et 27 000 – d’après les dires d’un bénévole sur place – le dimanche ensoleillé.


Disons que tout le monde a eu la même idée et que les organisateurs se sont vite retrouvés dépassés. En arrivant sur place vers 14h30 ce dimanche, j’ai eu droit à quarante minutes de bouchons à l’approche du village, un stationnement dans l’herbe au bord de la route car les parkings étaient remplis et un bon quart d’heure de queue à l’entrée du site. Une fois à l’intérieur après m’être acquittée de la modique somme de 5€, je vois que cette fête géniale accuse le coup : une foule très compacte, quelques malaises et...une première cette année malheureusement : des personnes refusées à l’entrée. Outch ! C’est ce qu’on appelle être victime de son succès.


Et on le comprend, ce succès. Déjà, il ne vaut mieux pas louper une édition, sinon il faut attendre deux ans pour la prochaine. Et ensuite, on en prend plein les yeux. Beaucoup de déguisements effrayants et sophistiqués, des spectacles de danse, de musique et de théâtre un peu partout, de la nourriture diverse et variée – j’ai notamment aperçu un stand de spécialités hongroises, et bien évidemment de l’artisanat. Je recommande d’ailleurs l’hydromel, délicieux alcool à base de miel.


Retour en images sur une ambiance festive et familiale. Mais avant, je ne saurais trop vous conseiller de lire cet best-seller pour rester dans le thème.


Cimetière, église et château de Mâlain.


Beaucoup de voitures dans des champs :
oui, il y avait comme un air de rave party !


C’est pas parce que t’es sortie de la bagnole
que c’est gagné.
La file d’attente est très longue à l’entrée.


Ce si beau château qui surplombe le village.


L’enfant que j’étais aurait eu peur d’eux.


Troubadours, 
du divertissement pour les gueux s’il vous plaît !


Comme un air de Commandeur 


BG1


BG2

BG3

Avant 18h,
on s’est quand même offert une petite visite du château.

Avec une vue splendide
sur le village et la vallée !

Le sens du détail.
 (Un peu comme le balai de paille
que tenait un bénévole chargé
d’orienter les automobilistes)


Pour vos soirées chic

Black Samba !


Et on suit Black Samba 
pour descendre jusqu’à la sortie !!

mercredi 4 juin 2025

Marseille BB

LA carte postale depuis l’esplanade de la Tourette

Qui dit Calanques, dit Marseille bébé ! Et comme c’était une première pour moi – que de premières cette année ! –, j’étais bien contente de ne pas avoir de train pour rentrer chez moi le soir après la fermeture du centre UCPA. Cela m’a donné l’occasion de visiter quelques endroits sympatchiques de la cité phocéenne le lendemain. Comme vous allez le voir sur les photos, le temps s’est couvert dans la matinée et si j’ai évité la pluie, j’ai tout de même eu assez froid sur la fin.


L’une des meilleures vue de Marseille,
 depuis les escaliers de la gare Saint-Charles.
Quand t’es à peine arrivée et que tu vois ça,
t’es pas mal…


Depuis le centre commercial Les Terrasses du Port : du gris


au bleu, je retrouve là un petit esprit portuaire
 chez cette ville jumelée à 
Hambourg.


À partir de maintenant, on touche à un véritable coup de cœur, que je partage sans doute avec un grand nombre de touristes : le Panier. Ce quartier populaire devenu bobo du 2e arrondissement m’a été recommandé par une Lyonnaise à laquelle j’avais confié être tombée sous le charme de la Croix-Rousse. Par ailleurs, je suis une ancienne fan de Plus Belle la Vie ; j’ai regardé cette sitcom pendant au moins 15 ans, à l’époque où elle était diffusée sur France 3. Alors imaginez à quel point j’ai apprécié flâner dans ces ruelles et devantures qui ont inspiré le décor de l’une des sitcoms les plus emblématiques de la télévision française !


Une touriste se prenant en selfie


Bar de Roland Marci – ou presque –
situé place des Treize-Cantons


L’institut de beauté d’Estelle à droite...


Fresque de street art à l’angle de la rue Sainte-Françoise
et de la rue des Repenties.
Quatre hommes jouent aux cartes en plein cœur du Panier.


En plus des nombreuses plantes,
notez le caractère méditerranéen
du linge suspendu aux fenêtres.


Une ruelle sinueuse, des façades jaune pâle
et un peu de linge  : on se croirait à Naples,
 la sœur de Marseille – que j’adore !


Allez, dernière ruelle,
sinon j’allais toute les prendre.
 La plus jolie selon moi.


Place du refuge avec une foule de pratiquants de parkour


Le Panier étant le plus vieux quartier de Marseille, ses immeubles sont eux aussi très anciens et vétustes. Comme à Noailles, et avec les conséquences tragiques qu’on connaît, ils ne sont pas rénovés car on tente d’en faire partir leurs habitants historiques en vue de gentrifier le quartier. Sa beauté pittoresque ne doit donc pas faire oublier la lutte contre la airbnbisation que mènent ses habitants !


Fresque monumentale
sur une façade de l’immeuble La Tourette.
L’artiste Denis Carenco s’est inspiré
du plafond du Palais Royal de Madrid
peint par Giambattista Tiepolo,
lequel évoque le retour des conquistadors
avec leurs esclaves amérindiens.


Le Fort Saint-Jean


La Bonne Mère malheureusement en cours de rénovation,
la Citadelle de Marseille (Fort Saint-Nicolas)
et la majeure partie du Palais du Pharo tout à droite


Cathédrale La Major


La passerelle qui relie les deux bâtiments du Mucem :
 le Fort Saint-Jean et le môle J4


Cliché qui met plus en avant la taille du Vieux-Port


Notre-Dame de la Garde
 avec son triste échafaudage.
 Mais c’est pour la bonne cause,
à savoir redorer la Vierge et l’enfant. 
Mucem à droite avec « Icare, Us, Elle » :
sculpture en cuivre de Laure Prouvost
 en haut de la tour du Roi René
qui revisite le mythe d’Icare au féminin.

Mémorial des déportations au pied du Fort Saint-Jean.

mardi 3 juin 2025

Grimper au paradis


Après le fiasco de mon stage d’escalade à Chamonix qui s’est soldé, rappelons-le, par deux blessures respectivement au genou droit et au coccyx, sans compter mon incapacité à m’émerveiller devant un sommet de 4000 depuis mon voyage au Népal, j’ai malgré tout persévéré dans l’escalade de falaise et réservé une semaine de stage en avril dans les Calanques – un cadre qui me faisait envie depuis toujours.

Même si je déteste faire mes valises et confier mes chats à des inconnus, je savais qu’il fallait élargir ma zone de confort, et que j’aimais beaucoup l’esprit collectif et bienveillant des séjours UCPA. J’ignorais en revanche que celui-ci allait être de loin le meilleur.

Direction la Calanque de Sormiou, dans le centre UCPA hyper « roots » – comprenez en dortoir et sans eau courante. Mais ce petit centre les pieds dans l’eau est un coin de paradis. Car au-delà du site incroyable, la 4G ne passait pas pour la majeure partie des opérateurs téléphoniques. Ainsi, les journées ultra sportives et fatigantes se terminaient par un délicieux dîner et des heures à jouer à des jeux de société – à l’ancienne, entre sportifs inconnus remplis de bonne humeur et de sincère camaraderie.


Vue depuis la fenêtre de notre chambre

Après-midi suivant l’arrivée au centre : 
spot du Petit Saussois pour revoir la sécu en moulinette
et se faire la main sur des voies faciles


Oui, la beauté semble irréelle.
Pour info, la Calanque de Sormiou est privée :
elle appartient à une riche famille marseillaise
.


Après une deuxième journée où j’ai grimpé comme une merde sur un autre spot de type dalle de la Calanque de Sormiou et paniqué lors de ma première grimpe en tête depuis Cham, nous avons pris pour la seule fois de la semaine la navette direction la Calanque de Morgiou.

L’Abri Côtier est un site d’escalade familial ultra fréquenté, mais ce jour-là était exceptionnellement bondé : le périph aux heures de pointe. Toutes les nationalités européennes semblaient présentes et certains pratiquants ont même créé des situations potentiellement dangereuses à l’instar de l’installation d’un relais juste en-dessous du notre, donc DANS notre voie.


Calme de la matinée
qui n’a malheureusement pas duré.


J’ai tout de même flashé une voie un chouia plus difficile
 juste avant de rentrer, enregistrant – jusqu’ici ! – 
ma meilleure perf du séjour.

La Calanque de Morgiou possède
le principal port de pêche
entre Marseille et Cassis.


Elle se situe dans le quartier des Baumettes
et c’est en roulant devant la prison que nous avons appris
qu’on pouvait manger dans son restaurant
où travaillent des détenus.
 Il paraît que la nourriture est très bonne
et que les résultats de réinsertion sont excellents.


Allez, bye-bye Morgiou.
 Après tant de stress à l’Abri Côtier,
tu ne feras pas partie
des plus beaux souvenirs de la semaine.

Sauf que le quatrième et avant-dernier jour a tout rattrapé.

Toutes les marches d’approche dans les Calanques sont éprouvantes. Car en plus du dénivelé, les sentiers sont bien casse-gueule et il faut souvent mettre les mains. Mais la marche vers les falaises du cirque de Tiragne était particulièrement corsée : plus d’une heure assez intense et, une fois le col de Luï d’Aï passé, nous avons même emprunté une via corda. J’avoue toutefois que celle-ci était de loin la partie la plus fun de la marche d’approche. Faire passer les mousquetons, ça a un côté satisfaisant mine de rien.

Mais purée qu’est-ce que ça valait le coup de galérer autant ! Des cinq spots, le cirque de Tiragne était à la fois le plus vertigineux/venteux/effrayant/impressionnant et le plus magnifique. Disons qu’il était à couper le souffle dans tous les sens du terme. Heureusement que la falaise avec le plus de gaz où nous avons passé la matinée est très bien équipée : on peut y installer une ligne de vie pour les assureurs au sol. Parce que très clairement, deux ou trois pas en arrière et...bref.


La récompense de la randonnée dapproche :
vue sur l’île 
de Riou


Mis à part l’Algarve, j’ai rarement vu un paysage
aussi sublime que les Calanques.


Quand je parlais de vent…


Le mistral soufflait tellement fort ce matin-là que j’ai grimpé en manteau et n’ai pas voulu faire de deuxième voie en tête – alors que j’avais repris confiance – uniquement parce que j’avais trop froid en haut lors de la manip au relais. Mais bon, j’ai atteint mes principaux objectifs de stage à la fin de cette journée intense : reprise de confiance en moi et dans la grimpe en tête, maîtrise de l’assurage dynamique, bonne grimpe avec pose de pieds et transfert de poids et maîtrise de la manip au relais. Bref, je me suis surpassée et étais de plus en plus épanouie sur le plan sportif et technique.


Spot – toujours vertigineux –
où nous avons grimpé l’après-midi.
C’est là que mes performances ont continué d’aller crescendo.


...pour terminer en apothéose dans une 5B+ (d’après notre moniteur)/5C (d’après le topo) le dernier jour. En moulinette certes, mais faut voir de quel niveau catastrophique de technique et de maîtrise de mes peurs je partais ! Comme pour les autres jours, aucune preuve de mes prouesses ; vous devrez ainsi me croire sur parole. Car la photo en tête de l’article est la descente d’une voie en fissure que j’ai ratée à cause de sa technicité et de mon état de fatigue en fin de séjour.

Bref, pour en revenir au dernier spot de grimpe, nous nous sommes rendus à l’Arche Perdue après 40 minutes de marche intense – comme d’habitude, mais mentalement elle m’a été insupportable aussi bien à l’aller qu’au retour. La voie que j’ai flashée était difficile certes, mais faisable et assez fun : environ 35 m, un peu en dalle, peu de prises de mains pour bien bosser la pose de pieds et le transfert de poids, une vire au début pour une petite lecture du reste de la voie, et enfin des arbustes dans lesquels se viander à la descente à cause du ballant et ainsi achever des jambes bien attaquées par une semaine d’escalade:)


Joli aperçu depuis le pique-nique 
sur le chemin de l'ultime retour au centre


Inutile de dire que le retour à la vie de tous les jours
a été très rude.