Elle s’est manifestée
comme une évidence puisqu’elle a surgi d’un contexte personnel ultra-propice.
Mes vacances de Noel
ont été douloureuses, comme tous les ans. La famille reste le milieu le plus
franc et sans détour pour tout le monde, et Noel ne manque jamais de vous faire
une bonne piqure de rappel.
Depuis que 2014 a
commencé, je vis des journées de travail acharné pour cause de bilan comptable
annuel. Au moment où ma tête a commencé à sortir de l’eau, j’ai pris une
semaine en mars au hasard et demandé mes congés. Comme prévu, mes amis, potes,
connaissances, tout ce que vous voulez, ne peuvent me suivre sur ces dates
arbitraires.
En parlant d’amis, j’en
ai perdu un et cela m’attriste. Ce sera vite oublié, contrairement à un chagrin
d’amour duquel j’ai pour principe de ne jamais vraiment me remettre : au
moins un domaine dans lequel je fais preuve d’une constance impeccable.
Je poursuis ma petite
impasse tranquillement. Moi qui ai rêvé de devenir rockstar, comédienne, interprète,
écrivain, ou encore d’exercer un poste intéressant et à responsabilités dans
une grande entreprise, j’ai l’honneur de faire un boulot administratif-financier-exigeant-mal-payé-et-donc-féminin.
Qui sait si j’avais les moyens de mes ambitions ? Il est bien trop tard
pour en décider, le coche est loupé donc autant composer avec la situation.
Pour se faire, les
possibilités sont multiples et je tente de les saisir, trop rarement j’en
concède. Tout d’abord, j’aime ma ville, même si je ne connais rien d’elle.
Pourquoi connaître les noms de ses rues, de ses quartiers et de ses attractions
touristiques ? L’amour se fonde sur tout sauf sur le savoir. J’aime ma
ville et sa bourgeoisie apparente, ses jeunes femmes classes et bien
maquillées, son peuple polyglotte, aussi bien turc que latino et même son vice qui
déborde sur la Reeperbahn. Et oui, j’habite à Hambourg ; et rien que pour y
avoir atterri, je ne pense pas avoir totalement « raté ma vie ». J’aime
mon entreprise, elle me paye au lance-pierre certes, mais je m’y sens plutôt
bien. Je côtoie des gens heureux d’y travailler, souriants et investis…et
surtout que je n’ai pas à me coltiner en open space ! J’aime ce que je
fais, tout simplement : classer, organiser, compter, calculer, coder des
catégories internes de coûts, facturer, refacturer, décaisser, encaisser,
relancer et se faire relancer. Ceci étant dit, si je pouvais m’échapper de
cette planque sans possibilité de carrière et gagner correctement ma vie avec une activité
qui me passionne profondément, je ne cracherai pas dessus. J’aime prendre le
métro, jamais bondé sur mon itinéraire, et bouquiner avant d’entamer une
journée si peu littéraire. J’aime tenir un blog que personne ne lit ni ne
commente. J’aime me vider la tête devant un juif tunisien le soir. J’aime me remplir
la tête devant une chroniqueuse rousse toutes les semaines dans l’émission la
plus regardée du PAF.
Ces plaisirs simples et
quotidiens ne répondent bien entendu que partiellement à cette envie d’évasion.
C’est pourquoi mon prochain périple sera là-bas, dans celle où il faut être
trèèèèès vigilant, dans celle qu’il faut voir (et peut-être éviter de renifler…) avant de mourir paraît-il.
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