lundi 5 février 2018

Vous reprendrez bien un peu de Post-Britpop !


En octobre 2017, le groupe gallois Stereophonics sortait son dixième album intitulé Scream Above The Sounds, tout juste vingt ans après Word Gets Around. Quelle endurance ! Quelle constance ! Et depuis ce concert du 29 janvier aux Docks, je peux ajouter : quelle prestance !

Splendeurs et misères d’un courant musical

Pour les utilisateurs de déodorant et de shampoing, les années 90 n’étaient pas celles du grunge, mais de la Britpop. Aucun des groupes emblématiques de cette mouvance n'en est vraiment revenu. Certains ont évolué pour le pire (Blur avec son horrible The Magic Whip), d’autres se sont séparés pour le meilleur (The Stones Roses et The La’s avec leur unique tube d'ouverture d'une décennie). Tous ces musiciens d’outre-Manche aux chansons à la fois mélodieuses et effrontément rock incarnaient une sorte de dernière aventure avant l’arrivée des groupes MySpace et du chamboulement de l’industrie du disque par Internet.
Oasis, tête de gondole du mouvement, a quitté la Britpop et les hymnes à stade dès l’aube des années 2000. Tournés légèrement vers le psychédélique, les albums de la période post-Bonehead (« l’âme d’Oasis », d’après Noel dans le documentaire Supersonic) ne sont pas à la hauteur de Morning Glory et Definitely Maybe, et encore moins à celle de ces années bénies de revival rock. Heureusement que la brouille fraternelle a arrêté le massacre.

La résistance de Galles

Or au milieu de ce champ de bataille parsemé de cadavres réchauffés en vain à coups de pathétiques reformations, des irréductibles Gallois se sont levés et se tiennent encore debout aujourd'hui. Avec d'autres groupes parfois très différents, comme Radiohead, ils sont ainsi catalogués artistes "Post-Britpop" du fait de leur explosion successive à la mort du célèbre courant musical des années 90. Depuis leurs débuts, les Stererophonics n’ont cessé de s’améliorer. Leur endurance n’est pas sans mérite puisqu’ils ont dû se séparer dès 2003 de Stuart Cable, batteur et membre fondateur du groupe qui décèdera finalement en 2010 dans de sordides conditions.

Chaque album s’est hissé parmi les meilleures ventes du Royaume-Uni grâce à des  locomotives aussi délicieuses qu’efficaces. Voici ma sélection des meilleurs singles par opus :

Word Gets Around, 1997 – Traffic

Performance and Cocktails, 1999 – The Bartender and the Thief (avec en prime le bob so 90’s)

Just Enough Education to Perform, 2001 – Have a Nice Day

You Gotta Go There to Come Back, 2003 – Maybe Tomorrow

Language. Sex. Violence. Other?, 2005 – Dakota

Pull the Pin, 2007 – Aucune, l’album ne m’a pas emballée.

Keep Calm and Carry On, 2009 – Could You Be The One (sans conviction)

Graffiti On The Train, 2013 – Indian Summer et Graffiti On The Train

Keep the Village Alive, 2015 – I Wanna Get Lost with You (oublier l’horrible single C’est la Vie)

Scream Above The Sounds, 2017 – All in One Night, Caught by the Wind, Geronimo


Regardez-moi ces dates. Quand je vous parlais d’endurance et de constance !



Concert aux Docks, Hambourg – 29.01.2018

En ce lundi soir plutôt venteux – comme un hiver hambourgeois – me voilà donc partie rejoindre quelques copines pour ce concert. Mon enthousiasme, largement stimulé par des semaines de revue de la carrière stéréophonienne via Spotify, était à son comble en arrivant aux Docks. Bonne nouvelle : la salle, dont j’ai à peine fait la connaissance à l’occasion du Reeperbahn Festival 2017, possède une excellente acoustique et dispense même le spectateur du premier étage de bouchons d’oreille.

À peine le temps de profiter d’une ballade d'Alex Francis en première partie – les gens comme moi sont naturellement, intrinsèquement et systématiquement en retard – et d’échanger quelques mots avec les filles que la deuxième bonne nouvelle arrive.

Elle s’appelle Stereophonics et plus précisément Kelly Jones. D’ailleurs pourquoi tous les Gallois célèbres s’appellent-ils Jones ? Bref. Passons. La plus belle voix masculine du rock n’est pas seulement meilleure en 2017 qu’en 1997, mais elle a aussi l’outrecuidance d’être encore plus puissante et addictive en live qu’en version studio. Les tubes s’enchaînent sans blabla car ils se suffisent à eux-mêmes. Des mélodies parfois dansantes, parfois douces, mais toujours entêtantes. Toujours ces hymnes à stade qui nous donnent l'occasion à nous, public, de nous époumoner. Toujours ces fredonnements légers qui vous volent un sourire aux lèvres, des « pam pam padam pam pam pam pam » de Have a Nice Day au refrain romantique de Traffic hurlé par le groupe de bourrins Gallois à côté de nous. Tiens. Eux. Parlons-en. Fiers de leurs petits champions, ils n’ont fait que hurler des mini-chants de ralliement entre les chansons et pintes de bière. Prenant sans doute un concert de rock pour un match de rugby et devenant – comme d’habitude - de plus en plus sentimentaux et « faggots » à mesure que l’alcool alimentait leur sang de mâles hétérosexuels, ils faisaient – de notre point de vue – presque autant partie du show que les Stereophonics eux-mêmes. Merci à eux. Vraiment.

Un concert inoubliable donc. Des musiciens canons - dans tous les sens du terme - qui m’ont fait découvrir un répertoire plus rock et moins pop que je ne l’imaginais à la seule écoute des albums. Un peu comme pour le concert des Cure, en moins émo toutefois, le temps s’est suspendu pendant ces deux heures de pur kiff. J’écris ces lignes une semaine après cette soirée magique et ma mémoire ne fait état d’aucun moment d’ennui individuel ou de retombée d’ambiance générale dans la salle. Au contraire, et j’ai envie de terminer sur ce fait exceptionnel, les dernières chansons ont été jouées dans une sorte d’apothéose. Le public – moi y-compris – pourtant très chaud dès les premières notes semblait bouillir à la fin du concert. Pourquoi la foule chantait et dansait-elle plus fort ? Une émulation après tous ces bons morceaux ? L’envie de tout donner parce qu’on sent que la fin approche ? Impossible de savoir. Mais alors quand Dakota, l’une des meilleures chansons du groupe, a déboulé en rappel...


Conclusion

L’année concerts 2017 s’était achevée en beauté.

Les Stereophonics placent la barre très – très - haut pour 2018.

2 commentaires:

  1. Inconsolablement attaché à 'Maybe Tomorrow', je te remercie pour ce focus sur le retour des Stereophonics. Leur inventivité m'a souvent réservé de bonnes et belles surprises ;)

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    1. J'ai appris récemment que c'était une chanson sur la dépression. Et de rien, très bon groupe à voir en live :)

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